De la dent dure

De la dent dure Petit Epagneul de Münster

Petit Epagneul de Münster

Samedi où " ça rigole " . Enfin ?

Actualité publiée le 02/10/2023

De la dent dure - Samedi où

         Samedi matin au lieu d'être à 7 heures sur la place de Pommiers avec les chiens dans la remorque , à 6 h 30 donc de nuit ( en fait avec la lune quasi pleine il y a moyen de se déplacer sans frontale , donc discrètement ) j'étais en train oreilles grandes ouvertes de me diriger pour arriver par en haut sur le secteur sur lequel jeudi soir un cerf bramait couché dans la luzerne à 100 et quelques mètres devant le Duster . Sur les quelques centaines de mètres d'approche , j'entends des cerfs bramer pas bien loin , mais manifestement pas sur le demi hectare sur lequel je l'espérais . Légalement je peux tirer à partir de 6 h 45 à peu près mais la question ne se pose pas , pas de cerf visible en train de bramer ou pas... Me déplace en allant sur un coin sur lequel j'ai déjà vu pas mal de cervidés , comme un con parce que ça brame encore un peu partout mais pas là bas . Demi tour après avoir vu une biche et ses deux jeunes , je remonte vite fait sur le dessus par un chemin très raide de plusieurs centaines de mètres . Il est 7 h 30 et dans les dernières minutes les raires se sont espacés , ça crie beaucoup moins . Puis plus rien quasiment , quelques petits " rototos " espacés , puis le calme plat . J'en suis là de ces considérations , fatigué parce que levé très tôt , en train de me demander si je ne ferais pas bien d'aller dormir deux heures puisqu'il est trop tard pour partir à Pommiers . Je ne chasserai pas avec mes chiens aujourd'hui , autant profiter de ce samedi matin , même si ça ne brame plus je suis sur que tout le monde n'est pas couché , ils sont plus ou moins tous " travaillés " par les glandes en train se courser les uns les autres . La grande forêt , Lacan est en fait au dessus de moi , je suis à la lisière , hésite un peu à pénétrer à l'intérieur sans " indice " sonore , ça ne brame pas , plus ...

            Je redescends ce chemin bien raide , il doit être 9 heures et alors que je suis encore à trois cent mètres du bas sur ma gauche , quatre ou cinq petits "rototos"  , rots légers . J'ai pilé au premier , tourné la tête et ai eu le temps de localiser la direction . A l'équerre à ma gauche , dans l'ancien parc à chèvres , un cerf est en train de s'énerver après une biche . Ou deux . Ou trois , mais ce genre de rot est bien plus discret que le brame classique qu'on entend parfois à bien plus de 500 mètres , celui là est à peut être 200 mètres , 300 ? En adoptant le genre de démarche "silencieuse " avec laquelle depuis que j'ai dix ans je suis capable de me déplacer de façon vraiment furtive , très lente , je passe la barrière , évite les endroits sur lesquels des cailloux ou de la végétation rendraient l'entreprise impossible et j'y vais . Tel un gros matou , les yeux écarquillés derrière la cagoule Realtree , je glisse à peut être 100 ou 150 mètres à l'heure dans la bonne direction . Coup de jumelles dès que j'ai un doute , gestes brusques absents , je me glisse on ne peut plus lentement et discrètement dans la BONNE direction . Parce que si c'est pas mal pentu , c'est de la végétation de causse , des buis de maximum 2.5 mètres de haut , la plupart à 1.5 mètres , quelques genévriers , quatre ronces , il est possible de glisser la dedans vraiment silencieusement . Depuis le début je me rapproche d'un beau bosquet de peut être 3000 mètres carrés à mi pente , qui est devant moi . Des pins de 7 ou 8 mètres de haut , quelques grands buis hauts , des petits chênes , ils doivent être là dedans . L'ensemble assez serré comporte pas mal de places qui ont servi de couchette , il y a de grands cervidés qui vivent là . J'ai mis le grossissement de la lunette sur x 3 au lieu de x 6 ou 7 parce que si je leur " marche dessus " comme je l'espère il se peut que je sois obligé de tirer vite , que le grossissement soit déjà adapté , au moins . Les petits rots ne se sont pas reproduits depuis que j'ai pris leur direction , j'ai fini de traverser au ralenti le bosquet , je continue de glisser . A l'oeil nu devant moi à perte de vue donc à peut être 70 ou 80 mètres je vois bouger par dessus les buis . Une tête de biche . Ou deux . Et dans le prolongement , à côté ou derrière , des bois . Merde ... Carrément des bois , le fagot , empaumure c'est sur , ça se déplace en venant vers moi , de temps en temps je vois la tête , la ou les biches se rapprochent et en quelques secondes l'ensemble est à peut être 30 mètres . Derrière une grosse touffe de végétation par dessus le haut , les andouillers sont visibles de temps en temps , je suis calé depuis le début sur le Stabelstick , je n'ai pas changé le grossissement , ça continue à venir vers moi , la première biche sort et le gros est encore derrière la touffe , haut comme il est j'ai dans la lunette un trou gros comme une assiette des poils de sa patte avant , il avance je suis en arrière Pan ! Au coup de feu les biches continuent de venir vers moi et en moins de deux secondes elles disparaissent au dessus . Derrière elles il sort , trottinant pas bien vite mais je n'ai pas rechargé la Kipplauf , me passe plein travers à 10 mètres , tout beau mais ensuite marchant , il s'arrête , regarde en arrière , me voit et alors que j'ai enfin rechargé repart , Pan ! 

          Il est obligé d'être mort . Deux fois , parce que le deuxième coup , même à la course est dedans , sur . Je vais voir , au premier comme au deuxième coup de feu , rien . Pas de poil , de sang , de trace de quoi que ce soit . Rien . Un quart d 'heure après , après avoir prospecté vers le haut ( je l'ai vu partir là ) rien ...  Bon , il est mort c'est sur , le 30R ne rigole pas du tout et je tire des CDP Blaser , ça a traversé c'est sur , je ne comprends pas , ne comprends rien . Reprends le chemin de la voiture en sortant le téléphone pour appeler à l'aide Pierre et son Jâger de la Dent Dure , né chez moi et devenu grâce à lui un vrai chien de sang efficace . Aussi bien pour pister un blessé le lendemain que pour y aller deux ou trois heures après , ils ont travaillé sur les battues du Calmels entre autres depuis des années . Pierre a compris , sera là vers 11 heures ( en fait ce samedi c'était les 100 kilomètres de Millau , il a du faire le tour ...) et même si bien sur j'ai confiance parce qu'entre son comportement après ma première balle et le fait que je sois sur à 100% d'être dedans , donc qu'il est mort , où est il ? J'ai exploré tout le secteur dans la direction de fuite et rien ...

             En reprenant pas fier le chemin du Duster qui est à un kilomètre en ligne droite j'arrive à côté de l'endroit où j'étais garé jeudi soir et tombe sur un jeune chasseur souriant . Davy m'a entendu tirer , vient toutes les années à Carnac invité par Gilles qui a ralenti la cadence mais qui a eu un tas de chèvres il y a quelques années , qui est propriétaire du parc dans lequel je viens de tirer d'ailleurs . Il est sympa comme tout , vrai chasseur à l'approche et je lui explique ce qui vient de m'arriver . Nous étions tous les deux sur le même secteur ce matin , il était redescendu peu de temps avant moi par ce chemin mais avait abandonné et récupérait dans sa bagnole . Il n'a pas entendu le rototo , m'a seulement entendu tirer . Nous sympathisons , il me reconduit à ma voiture , et nous parlons armement et aventures de chasse en attendant Pierre . Il me demande s'il peut nous accompagner sur la recherche , bien sur .

          Il est midi , Pierre est arrivé depuis un moment , je retrouve l'endroit exact du tir , décris la scène , indique l'endroit où il était à la première balle , à la deuxième , la direction de fuite . Pierre qui connait par coeur son Jâger et lui parle en le laissant le plus souvent en libre  part de la première balle , ne trouve rien de visible , laisse le chien s'imprégner du départ , arrive à la deuxième balle et suit son chien . Sur la gauche alors que J'AI VU  le cerf monter . VU ! Il m'a semblé ... Parce qu'alors  que je m'apprête à lui dire que ça n'est pas possible il se baisse au bout de dix mètres pour me montrer une tache de sang grosse comme une pièce d 'un euro sur une feuille , fait encore peut être 20 ou 30 mètres et me dit qu'il est là , mon  cerf . Merde ! Je ne risquais pas de le trouver en le cherchant en haut , il était parti sur la gauche et s'était étendu pour mourir dans le bosquet de buis et petits pins , mort à peut être 60 ou 70 mètres du coup de feu , mais invisible et sans trace de sang visible pour suivre la piste . Merci Jâger ... 

         Il est beau . Je ne suis pas un vieux chasseur de cerfs ,même si j'en ai tué un il y a 45 ans , en 78 . Tout beau , le premier , un beau 14 irrégulier . Mais là c'est autre chose , un beau 16 irrégulier ,  fort en bois , de la masse des deux côtés même en haut ... J'ai eu de la chance , et je n'ai pas si mal joué le coup . Parce qu'ils , elles étaient quand je l'ai tiré à moins de 20 mètres et que d'une fraction de seconde à l'autre tout allait exploser . Là , même s'il a fallu attendre l'arrivée du chien de sang pour le trouver , en lui mettant cette balle  j'assurais le coup , c'était terminé .

        Sur la photo prise par Pierre on le voit là où on l'a trouvé , et j'ai la tenue de conducteur , de piqueur , pas celle du chasseur de cerf qui lui a été fatale .                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              


 
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