J'ai fini par tirer mon cerf ...
Actualité publiée le 20/12/2022
Tous ceux qui me connaissent et me fréquentent savent que je suis passionné de chasses , avec un S , toutes . Comme je ne peux pas ne faire que ça , parce qu'il m'a fallu avoir un métier de façon à vivre une vie sociale " normale " avec femme et enfants entre autres , j'y suis allé tant que possible , mais en me contentant , façon de parler , de chasse au grand gibier en battue et de chasse à l'approche l'été . Comme je passe les battues dans la traque avec les chiens tant que possible , le temps de m'occuper d'eux à côté de la vie " normale " est important et je finis par ne pas faire grand chose d'autre puisque tout mon temps est pris ...
Je suis passionné comme ça depuis mes jeunes années , je dérange souvent carrément , j'ai toute ma vie énervé beaucoup de gens à cause de ça , de cette façon d'être . Mais je suis comme ça , ai eu la chance de pouvoir organiser ma vie pour que ça se passe de cette façon , en étant fonctionnaire d'enseignement , titulaire mais le plus souvent remplaçant de façon c'est certain à avoir le plus de temps disponible pour vivre comme ça . Les mauvaises langues diront que la famille en a pâti , que mes gamins ne chassent pas même si chacun de trois a pris au départ plaisir à venir avec moi à l'approche en été ou en hiver . Que c'est de ma faute , mais je SUIS comme ça ...
Le grand gibier en France , c'est sanglier chevreuil mouflon chamois et cerf , comme sur l'écusson de l'ANCGG . J'ai commencé tout jeune par tirer des sangliers et chevreuils , j'ai eu une chance incroyable en 78 à 20 ans en étant invité en Haute Marne en battue aux cervidés de tirer , tuer un tout beau cerf , 14 irrégulier . C'était le début des plans de chasse , la gestion par les bracelets n'avait pas encore vraiment eu des effets sur la qualité des trophées et sur cette chasse " ils n'avaient pas tiré le même depuis la guerre " . Puis 20 ans plus tard les hasards de la vie ont fait que j'ai habité dans le Haut Doubs sur une commune sur laquelle il y a eu deux bracelets de chamois la première année , un mâle et un éterlou . J'ai eu la chance tuer le mâle , un beau . Ne me manquait plus que le mouflon pour avoir connu toutes ces espèces , et les hasards de la vie , toujours eux , ont fait que j'ai habité , que j'habite en bas des gorges du Tarn dans une maison à la sortie du village depuis laquelle il m'arrive de les voir depuis mes fenêtres ... J'ai donc dans les deux premières années tué un très beau mâle de plus de dix ans , la boucle était bouclée .
Le roi des grands gibiers , le cerf , je l'ai connu à 20 ans en ayant un coup de chance incroyable c'est vrai , mais depuis que je traque avec des chiens de petit pied nous en avons fait tirer des quantités entre les battues bourguignonnes , celles sur l'Aubrac depuis bientôt 20 ans que je réside en Aveyron , entre autres parce que toutes les fins de saison j'aide sur certaines sociètés des équipes à terminer leur plan de chasse . Le scénario menée courte et bruyante avec au bout du compte le cervidé par terre aux pieds du postier , nous connaissons bien . Le cervidé gibier de battue , je connais depuis très longtemps , même si nos chiens et nous préférons le gibier noir bien sur .
J'ai en bas de chez moi au Rozier un panneau Meyrueis 21 kilomètres . Il y a donc à côté de chez moi l'une des plus belles chasses à cervidés , entre autres , du pays . J'ai dans ma vie de postier tué en Bourgogne deux ou trois biches , ai eu l'occasion sur des fins de recherches au sang d'occir quelques cerfs carrément bien vivants mais le dernier cerf que j'ai tué à la chasse en fait , c'était le 11 novembre 1978 , j'avais 20 ans et j'en ai 64 déjà . Les impératifs économiques ont fait au fil de toutes ces années que de toutes façons il ne me serait pas venu à l'esprit de mettre plus de 1000 euros dans un bracelet de cerf , pas assez riche ... Bon , des bracelets de brocards en tir d 'été , avec dans la période une ou deux nichées de chiots , ça passe . Mais un cerf ... L'été dernier je me suis régalé à tirer plus d'une dizaine de brocards pour moins cher qu'un bracelet de cerf ... Mais cette année pour la première ( et peut être pas la dernière ) fois de ma vie les finances étant du fait des décès de mes parents ces dernières années devenues moins " tendues " j'ai décidé avant d'être carrément foutu , trop vieux , de me payer un bracelet de cerf . Christian qui est devenu un vrai ami suite il y a une paire d'années à un très belle journée consécutive à une recherche sur un gros sanglier de 100 kilos blessé deux jours auparavant a des bracelets de cerfs à placer , deux ou trois , n'en fait pas de pub parce que pour vivre heureux il faut vivre caché , et nous nous sommes entendus .
J'ai tiré depuis deux ans chez lui pour commencer quelques brocards , 4 l'été dernier parce que nous étions " en compte " amicaux par rapport à des chiens de chasse que je lui ai trouvés . Au cours de toutes ces sorties qu'il m'a fallu faire là haut ( c'est à 30 minutes de chez moi à Liaucous , je peux y aller facilement ) j'ai vu des paquets de fois des grands cervidés , qui sont bien plus nombreux que les petits , chevreuils . Quand la période d'ouverture , avant le brame a démarré j'y suis allé le plus souvent possible , c'est à dire que comme c 'est fermé le mardi et le vendredi , les lundis et les jeudis matins et souvent le soir j'étais là haut . J'ai quasi doublé les cadences , décidé de ne manquer que le strict minimum des possibilités , parce que je me rendais bien compte que je ne connaissais pas cette chasse . Il fallait que j'apprenne , comprenne au plus vite ce qu'il y avait à apprendre et comprendre . Je m'explique... J'ai l'habitude , à mon petit niveau qui n'est pas celui de certaines pointures du guidage professionnel , et pour les brocards d'été je n'ai besoin de personne . Il m'est arrivé toutes les années d'en tirer qui seraient morts à l'arc , je " sens " ce qui se passe , connais bien ce domaine , cet animal . Mais à force de chasser sur des lieux sur lesquels il y a de grands cervidés , j'ai fini par me rendre compte que ça n'avait rien à voir . Il m'arrive presque toutes les sorties matinales de " tomber " sur un chevreuil , de le surprendre à distance de tir facile , souvent moins de 50 mètres , parce que mes façons de me déplacer , de prendre le vent , mes habitudes le permettent . Dans tous les paquets de kilomètres que j'ai passé à me déplacer sur les mêmes lieux très fournis en grands cervidés ça ne m'est jamais arrivé . Jamais . La structure sociale des groupes ( 2 ou 3 chevreuils ça n'est pas la même chose que dix ou douze cervidés qui protègent leur cerf ) , la hauteur des têtes qui observent donc des yeux , bien plus hauts placés , l'acuité visuelle extra ordinaire de ces animaux , le tout fait qu'il faut vraiment s'y employer pour arriver à rentrer dans la distance de tir de ces animaux , moins de 2 ou 300 mètres . L'un de mes copains de Meyrueis , Daniel qui doit être la personne de mes connaissances qui connait le mieux ces grands cervidés m'a raconté en rigolant que c'était incroyable comment dans ces très grands espaces , d'un travers sur l'autre donc souvent à plusieurs centaines de mètres , 4 ou 5 , même en étant camouflé caché le moindre mouvement était suspect pour les groupes de biches . Tous contextes dans lesquels des chevreuils ne commençaient à s'inquiéter vraiment que bien plus près . Acuité visuelle incomparable , voisine de celle de certains rapaces , comment font elles , ces biches ? Bon , les coiffés c'est évident sont aussi bien équipés ...
Le seul moment de la saison pendant lequel les choses deviennent un peu plus faciles est celui du brame . Là , sur quelques semaines , deux ou trois , travaillés par les glandes ces cervidés qui fixent alors leur attention sur leurs pulsions perdent un peu de leur méfiance incroyable . Un autre Daniel , vraiment de mes amis depuis des décennies a un jour en Hongrie tué avec un guide qui le bramait un grand cerf à moins de 20 mètres! Quelle émotion , que ces animaux on ne peut plus sauvages se laissent alors pendant quelques jours aller comme ça ... En dehors de cette période ces animaux redeviennent très , très difficiles à approcher , à " jongler " c'est certain . Le brame est donc la période bénie , celle pendant laquelle les fantômes de la forêt , vieux animaux inapprochables se laissent, parfois aller imprudemment .
Pendant toute la période du brame cette année je suis allé sur les lieux sur lesquels me conseillait d'aller l'ami Christian , mais par maladresse , manque de connaissance des attitudes à adopter je n'ai eu aucune occasion de tir . Aucune . Les lieux vraiment favorables souvent occupés ces jours là ( deux par semaine , lundi et jeudi ) par de vrais spécialistes routinés dans cette activité vraiment spéciale , je me suis retrouvé avec mes habitudes de chasseur de petit cervidé rouquin de l'été à me faire systématiquement rouler dans la farine par les grands , tout simplement . Comme j'étais à côté ça n'était pas grave , ça sera pour la prochaine fois , mais le brame s'est terminé et ça n'est jamais venu . Début septembre , arrivé fin novembre toujours pas d'occasion de tir . Maladresse de ma part c'est certain , trop de déplacements même silencieux et à bon vent ne garantissent rien du tout ... Mais j'ai au fil des rencontres animales commencé à comprendre un petit peu comment ça se passait . Je l'ai dit plusieurs fois à des copains ou à Christian , ça vient , je suis en train d'apprendre je le sens .
Au fil de ces semaines , mois , je me suis rendu compte que la 6.5/65 R avec laquelle j'avais réussi à tuer une biche un soir , si elle permettait de tuer n'importe quoi avec une balle bien placée risquait en cas de tir à plus de 200 mètres , dans des conditions de visibilité peut être difficiles de se révéler un peu légère . Si la balle est idéale , pas de problème . Mais sinon? La R93 en 9.3/62 serait certainement mieux adaptée , ce dont je ne me suis rendu compte au fil des semaines que quand j'ai bien eu pris conscience du fait que ce serait très difficile peut être . Si j'ai une occasion de tir bien calè à plus de 200 mètres , qu'il fait un peu sombre j'aurais plus de chance avec une balle lourde de 18.5 grammes pas trop bien placée de tuer un cerf qu'avec ma 6.5 c'est sur .
Arrivé mi décembre j'ai senti que ça venait , que j'allais peut être bien enfin maitriser tous les paramètres de l'équation . Je commençais à sentir ce qui se passait , avais intégré que ces animaux extrêment méfiants en dehors du rut demandaient à ce que le tireur embusqué soit déjà en place depuis une heure ou deux , au bon endroit au bon moment ... Que de paramètres à maitriser .
Hier soir je suis arrivé au même endroit que celui où je me garais cet été pour aller au chevreuil , je connais les lieux . Jumelles Kahles télémètrées autour du cou je glisse le long du chemin , de la lisère avec des paquets d'arrêts observation de plusieurs minutes . Suis "invisible" , collé contre les haies , vent dans le nez , silencieux dans l'herbe humide . Je ne frôle pas un buisson . Comme presque tout le temps maintenant que j'ai appris le minimum de ce qu'il y avait à apprendre . Je ne suis pas au chevreuil .
Je suis derrière une longue haie qui sépare deux grands champs dont un immense dans lequel je sais que le très expérimenté Guillaume a tué cette année pendant le brame un tout beau tout gros . Je regarde cette lisère , il est 17 h15 peut être et il commence à faire sombre . Si ça sortait là bas , à 300 mètres depuis là ce serait bien . Je vois péniblement bouger dans la lsière me semble t il . Mais oui ,c'est loin mais il est sorti un puis des animaux , plus de dix , il y a un ou deux coiffés . Pas la peine d'envisager de me rapprocher , même à plus de 350 ou 400 mètres je serais " filmé " d'entrée , seule solution me reculer baissé en gardant les yeux sur eux à travers la haie jusqu'à ce que je puisse faire le tour de ce bosquet de moins d 'un hectare en restant derrière lui , prier pour qu'une branche ne craque pas et leur arriver dessus toujours à bon vent sur le côté , bien moins loin , peut être 2 ou 300 mètres .
Dix minutes après j'ai fait le tour , ils ne peuvent pas m'avoir vu , m'ont peut être entendu , je vais le savoir . Arrivé à l'angle de ce bosquet je suis obligé de marcher à quatre pattes sur presque cent mètres en marchant vers eux pour rester dissimulé derrière la haie . J'ai regardé deux fois , ils sont à moins de 300 mètres , tout le monde a l'air de manger en confiance . Je suis maintenant à moins de 250 mètres , 238 exactement , le "gros" cerf coiffé par chance est sur le devant du groupe , tête au sol . Appuyé sur le Stabel Stik je l'ai grossissement maximum , 10 , c'est bon , Pan ! Détonation , tout le monde détale , il doit être par terre ? Merde , il n'y est pas mais tout le monde au lieu de retourner là où ils sont sortis me prend le pré en travers , s'arrête , repart . Ils sont en train de bientôt traverser le chemin depuis lequel je les ai vus tout à l'heure avant de faire le tour . J'ai bien sur rechargé , et mon cerf est arrêté en face de moi plein travers à côté d'une biche , en arrière du groupe . Il me semble qu'il vacille , il va tomber comme m'ont fait au bout de cent mètres plusieurs fois des brocards ou des mouflons , avant de rouler les pattes en l'air , morts ? Ne sais pas , l'ai encore bien plus près dans la lunette , moins de 150 mètres , Pan ! Pas assez appliqué avec envie de le tuer , balle peut être bien pas très bien placée mais dedans c'est sur . Tout le monde est parti . Je sors de derrière la fin de ma haie , il ne peut pas aller loin . Je suis maintenant sur les cent mètres carrés sur lesquels il était je pense dans cet immense champ quand je l'ai tiré tout à l'heure à presque 250 mètres . Avec la lumière de mon portable parce que j'ai comme un con oublié la frontale au Duster . Rien . J'ai beau tourner , observer calmement ( j'ai un peu l'habitude ) , rien . Pas grave , calme toi , tu as tiré il était 17 h 30 , il a du prendre les deux , la première en tous cas c'est sur parce que quand il s'est arrêté en travers avec sa biche et que tu as cru qu'il allait tomber ça n'était pas pour rien . Mais il est reparti comme le vent ...
Il fait nuit noire et je suis revenu avec DES frontales , ai garé le Duster et je prospecte les deux endroits sur lesquels il était je pense quand je l'ai tiré . Rien . Mais rien . Je vois bien que ça a glissé alors que le champ est plat , il a pris ma balle c'est sur , mes balles . Mais rien . J'ai maintenant traversé le chemin , suis passé dans le champ d'à côté , des traces de pas , gros , qui semblent trahir un déséquilibre , c'est lui ? Il y en a plusieurs , de ces traces . Je retourne au Duster , sors Sherkan mon jeune drahthaar siglé au sang , et retourne aux coups de feu , l'observe , vois ce qu'il prend . Passe du premier tir au deuxième , mais ne me marque aucun indice . Comment est ce possible ? Rien . Je finis par me retrouver à l'endroit dans lequel la troupe a du rentrer au bois , au vu des traces bien visibles . Rien . Pas une goutte de quoi que ce soit nulle part . Je finis par suivre le chien en longe plusieurs centaines de mètres , reviens au Duster , j'ai tiré à 17 h 30 et il est 20 heures , deux heures que je ne veux pas y croire . Comment est ce possible ?
Je suis maintenant chez Christian bien sur averti , il me dit que ce n'est pas possible , que sans lunette il l'aurait tué raide à 150 mètres . Ce qui est vrai c'est sur . Ne t'en fais pas , ces sacrés cerfs ne lachent souvent leurs premières gouttes de sang qu'au bout de 3 ou 400 mètres , rien avant , ça m'a fait ça plusieurs fois , 5 ou 6 ...
C'est avec ça dans la tête que je suis rentré chez moi , pour ne quasiment pas dormir de la nuit , avec rendez vous le lendemain matin vers 9 heures . Le temps pour moi d'avoir posé à Millau la poubelle de déchets de boucherie que je récupère le vendredi matin , ET d'être allé au stand à 100 mètres mettre une balle de vérification avec ma carabine . Je vois mal comment mais bon ...
Retour chez Christian qui se demande comme moi , j'ai mis une balle à cent mètres dans gros comme un pôt de yaourt , il a du prendre les deux balles . La Polka maintenant que le fumet des dix ou douze cervidés d'hier soir a disparu et qu'il ne reste que celui du blessé va le prendre facilement , il n'y en aura pas pour longtemps . Voilà où nous en sommes , ou j'en suis quand on se gare dans l'entrée du champ . Pour qu'il comprenne bien d'où j'ai tiré , où ça s 'est passé je refais avec lui le trajet de trois minutes et lui montre . J'étais là , tiens voilà ma douille , et après j'ai tiré là , tiens voilà ma douille . Inspection des lieux , rien . Mais rien de rien . Polka de son côté en longe ne me marque rien de plus que Sherkan hier dans toutes ces odeurs chaudes , mais file gentiment sur le deuxième lieu théorique d'impact . Ne me marque rien , mais continue . Finit par rentrer dans les buis sous les pins pile à l'endroit où Christian qui investigait vient de trouver un minuscule morceau de petit truc sanguinolent gros comme trois têtes d 'épingle . Là , on doit être à 300 ou 400 mètres de l'endroit où je l'ai tiré la première fois . Encore quinze mètres et Christian me dit qu'il n'est pas loin , qu'il s'est arrêté et que le sang a imbibé la mousse sur le caillou . Pourvu que ...Polka file doucement sur encore cent mètres et en sortant des pins et des buis je le vois étendu dans la culture voisine . Quel bonheur . Je viens de passer après la nuit que vous pouvez imaginer de l'état de catastrophe naturelle ( comment est ce possible ? ) à celui dans lequel j'embrasse en le serrant mon Christian tellement tout est redevenu normal . Alors que je n'affectionne pas du tout ce genre d'effusions .Ouf !
Le temps que Christian revienne avec son manuscopique je fais deux ou trois photos . Ce n'est pas le record de France mais c'est un tout beau cerf quatorze irrégulier , double surandouiller d'un côté , une curiosité , Saint Hubert m'a gâté . Extra .
retour
Je suis passionné comme ça depuis mes jeunes années , je dérange souvent carrément , j'ai toute ma vie énervé beaucoup de gens à cause de ça , de cette façon d'être . Mais je suis comme ça , ai eu la chance de pouvoir organiser ma vie pour que ça se passe de cette façon , en étant fonctionnaire d'enseignement , titulaire mais le plus souvent remplaçant de façon c'est certain à avoir le plus de temps disponible pour vivre comme ça . Les mauvaises langues diront que la famille en a pâti , que mes gamins ne chassent pas même si chacun de trois a pris au départ plaisir à venir avec moi à l'approche en été ou en hiver . Que c'est de ma faute , mais je SUIS comme ça ...
Le grand gibier en France , c'est sanglier chevreuil mouflon chamois et cerf , comme sur l'écusson de l'ANCGG . J'ai commencé tout jeune par tirer des sangliers et chevreuils , j'ai eu une chance incroyable en 78 à 20 ans en étant invité en Haute Marne en battue aux cervidés de tirer , tuer un tout beau cerf , 14 irrégulier . C'était le début des plans de chasse , la gestion par les bracelets n'avait pas encore vraiment eu des effets sur la qualité des trophées et sur cette chasse " ils n'avaient pas tiré le même depuis la guerre " . Puis 20 ans plus tard les hasards de la vie ont fait que j'ai habité dans le Haut Doubs sur une commune sur laquelle il y a eu deux bracelets de chamois la première année , un mâle et un éterlou . J'ai eu la chance tuer le mâle , un beau . Ne me manquait plus que le mouflon pour avoir connu toutes ces espèces , et les hasards de la vie , toujours eux , ont fait que j'ai habité , que j'habite en bas des gorges du Tarn dans une maison à la sortie du village depuis laquelle il m'arrive de les voir depuis mes fenêtres ... J'ai donc dans les deux premières années tué un très beau mâle de plus de dix ans , la boucle était bouclée .
Le roi des grands gibiers , le cerf , je l'ai connu à 20 ans en ayant un coup de chance incroyable c'est vrai , mais depuis que je traque avec des chiens de petit pied nous en avons fait tirer des quantités entre les battues bourguignonnes , celles sur l'Aubrac depuis bientôt 20 ans que je réside en Aveyron , entre autres parce que toutes les fins de saison j'aide sur certaines sociètés des équipes à terminer leur plan de chasse . Le scénario menée courte et bruyante avec au bout du compte le cervidé par terre aux pieds du postier , nous connaissons bien . Le cervidé gibier de battue , je connais depuis très longtemps , même si nos chiens et nous préférons le gibier noir bien sur .
J'ai en bas de chez moi au Rozier un panneau Meyrueis 21 kilomètres . Il y a donc à côté de chez moi l'une des plus belles chasses à cervidés , entre autres , du pays . J'ai dans ma vie de postier tué en Bourgogne deux ou trois biches , ai eu l'occasion sur des fins de recherches au sang d'occir quelques cerfs carrément bien vivants mais le dernier cerf que j'ai tué à la chasse en fait , c'était le 11 novembre 1978 , j'avais 20 ans et j'en ai 64 déjà . Les impératifs économiques ont fait au fil de toutes ces années que de toutes façons il ne me serait pas venu à l'esprit de mettre plus de 1000 euros dans un bracelet de cerf , pas assez riche ... Bon , des bracelets de brocards en tir d 'été , avec dans la période une ou deux nichées de chiots , ça passe . Mais un cerf ... L'été dernier je me suis régalé à tirer plus d'une dizaine de brocards pour moins cher qu'un bracelet de cerf ... Mais cette année pour la première ( et peut être pas la dernière ) fois de ma vie les finances étant du fait des décès de mes parents ces dernières années devenues moins " tendues " j'ai décidé avant d'être carrément foutu , trop vieux , de me payer un bracelet de cerf . Christian qui est devenu un vrai ami suite il y a une paire d'années à un très belle journée consécutive à une recherche sur un gros sanglier de 100 kilos blessé deux jours auparavant a des bracelets de cerfs à placer , deux ou trois , n'en fait pas de pub parce que pour vivre heureux il faut vivre caché , et nous nous sommes entendus .
J'ai tiré depuis deux ans chez lui pour commencer quelques brocards , 4 l'été dernier parce que nous étions " en compte " amicaux par rapport à des chiens de chasse que je lui ai trouvés . Au cours de toutes ces sorties qu'il m'a fallu faire là haut ( c'est à 30 minutes de chez moi à Liaucous , je peux y aller facilement ) j'ai vu des paquets de fois des grands cervidés , qui sont bien plus nombreux que les petits , chevreuils . Quand la période d'ouverture , avant le brame a démarré j'y suis allé le plus souvent possible , c'est à dire que comme c 'est fermé le mardi et le vendredi , les lundis et les jeudis matins et souvent le soir j'étais là haut . J'ai quasi doublé les cadences , décidé de ne manquer que le strict minimum des possibilités , parce que je me rendais bien compte que je ne connaissais pas cette chasse . Il fallait que j'apprenne , comprenne au plus vite ce qu'il y avait à apprendre et comprendre . Je m'explique... J'ai l'habitude , à mon petit niveau qui n'est pas celui de certaines pointures du guidage professionnel , et pour les brocards d'été je n'ai besoin de personne . Il m'est arrivé toutes les années d'en tirer qui seraient morts à l'arc , je " sens " ce qui se passe , connais bien ce domaine , cet animal . Mais à force de chasser sur des lieux sur lesquels il y a de grands cervidés , j'ai fini par me rendre compte que ça n'avait rien à voir . Il m'arrive presque toutes les sorties matinales de " tomber " sur un chevreuil , de le surprendre à distance de tir facile , souvent moins de 50 mètres , parce que mes façons de me déplacer , de prendre le vent , mes habitudes le permettent . Dans tous les paquets de kilomètres que j'ai passé à me déplacer sur les mêmes lieux très fournis en grands cervidés ça ne m'est jamais arrivé . Jamais . La structure sociale des groupes ( 2 ou 3 chevreuils ça n'est pas la même chose que dix ou douze cervidés qui protègent leur cerf ) , la hauteur des têtes qui observent donc des yeux , bien plus hauts placés , l'acuité visuelle extra ordinaire de ces animaux , le tout fait qu'il faut vraiment s'y employer pour arriver à rentrer dans la distance de tir de ces animaux , moins de 2 ou 300 mètres . L'un de mes copains de Meyrueis , Daniel qui doit être la personne de mes connaissances qui connait le mieux ces grands cervidés m'a raconté en rigolant que c'était incroyable comment dans ces très grands espaces , d'un travers sur l'autre donc souvent à plusieurs centaines de mètres , 4 ou 5 , même en étant camouflé caché le moindre mouvement était suspect pour les groupes de biches . Tous contextes dans lesquels des chevreuils ne commençaient à s'inquiéter vraiment que bien plus près . Acuité visuelle incomparable , voisine de celle de certains rapaces , comment font elles , ces biches ? Bon , les coiffés c'est évident sont aussi bien équipés ...
Le seul moment de la saison pendant lequel les choses deviennent un peu plus faciles est celui du brame . Là , sur quelques semaines , deux ou trois , travaillés par les glandes ces cervidés qui fixent alors leur attention sur leurs pulsions perdent un peu de leur méfiance incroyable . Un autre Daniel , vraiment de mes amis depuis des décennies a un jour en Hongrie tué avec un guide qui le bramait un grand cerf à moins de 20 mètres! Quelle émotion , que ces animaux on ne peut plus sauvages se laissent alors pendant quelques jours aller comme ça ... En dehors de cette période ces animaux redeviennent très , très difficiles à approcher , à " jongler " c'est certain . Le brame est donc la période bénie , celle pendant laquelle les fantômes de la forêt , vieux animaux inapprochables se laissent, parfois aller imprudemment .
Pendant toute la période du brame cette année je suis allé sur les lieux sur lesquels me conseillait d'aller l'ami Christian , mais par maladresse , manque de connaissance des attitudes à adopter je n'ai eu aucune occasion de tir . Aucune . Les lieux vraiment favorables souvent occupés ces jours là ( deux par semaine , lundi et jeudi ) par de vrais spécialistes routinés dans cette activité vraiment spéciale , je me suis retrouvé avec mes habitudes de chasseur de petit cervidé rouquin de l'été à me faire systématiquement rouler dans la farine par les grands , tout simplement . Comme j'étais à côté ça n'était pas grave , ça sera pour la prochaine fois , mais le brame s'est terminé et ça n'est jamais venu . Début septembre , arrivé fin novembre toujours pas d'occasion de tir . Maladresse de ma part c'est certain , trop de déplacements même silencieux et à bon vent ne garantissent rien du tout ... Mais j'ai au fil des rencontres animales commencé à comprendre un petit peu comment ça se passait . Je l'ai dit plusieurs fois à des copains ou à Christian , ça vient , je suis en train d'apprendre je le sens .
Au fil de ces semaines , mois , je me suis rendu compte que la 6.5/65 R avec laquelle j'avais réussi à tuer une biche un soir , si elle permettait de tuer n'importe quoi avec une balle bien placée risquait en cas de tir à plus de 200 mètres , dans des conditions de visibilité peut être difficiles de se révéler un peu légère . Si la balle est idéale , pas de problème . Mais sinon? La R93 en 9.3/62 serait certainement mieux adaptée , ce dont je ne me suis rendu compte au fil des semaines que quand j'ai bien eu pris conscience du fait que ce serait très difficile peut être . Si j'ai une occasion de tir bien calè à plus de 200 mètres , qu'il fait un peu sombre j'aurais plus de chance avec une balle lourde de 18.5 grammes pas trop bien placée de tuer un cerf qu'avec ma 6.5 c'est sur .
Arrivé mi décembre j'ai senti que ça venait , que j'allais peut être bien enfin maitriser tous les paramètres de l'équation . Je commençais à sentir ce qui se passait , avais intégré que ces animaux extrêment méfiants en dehors du rut demandaient à ce que le tireur embusqué soit déjà en place depuis une heure ou deux , au bon endroit au bon moment ... Que de paramètres à maitriser .
Hier soir je suis arrivé au même endroit que celui où je me garais cet été pour aller au chevreuil , je connais les lieux . Jumelles Kahles télémètrées autour du cou je glisse le long du chemin , de la lisère avec des paquets d'arrêts observation de plusieurs minutes . Suis "invisible" , collé contre les haies , vent dans le nez , silencieux dans l'herbe humide . Je ne frôle pas un buisson . Comme presque tout le temps maintenant que j'ai appris le minimum de ce qu'il y avait à apprendre . Je ne suis pas au chevreuil .
Je suis derrière une longue haie qui sépare deux grands champs dont un immense dans lequel je sais que le très expérimenté Guillaume a tué cette année pendant le brame un tout beau tout gros . Je regarde cette lisère , il est 17 h15 peut être et il commence à faire sombre . Si ça sortait là bas , à 300 mètres depuis là ce serait bien . Je vois péniblement bouger dans la lsière me semble t il . Mais oui ,c'est loin mais il est sorti un puis des animaux , plus de dix , il y a un ou deux coiffés . Pas la peine d'envisager de me rapprocher , même à plus de 350 ou 400 mètres je serais " filmé " d'entrée , seule solution me reculer baissé en gardant les yeux sur eux à travers la haie jusqu'à ce que je puisse faire le tour de ce bosquet de moins d 'un hectare en restant derrière lui , prier pour qu'une branche ne craque pas et leur arriver dessus toujours à bon vent sur le côté , bien moins loin , peut être 2 ou 300 mètres .
Dix minutes après j'ai fait le tour , ils ne peuvent pas m'avoir vu , m'ont peut être entendu , je vais le savoir . Arrivé à l'angle de ce bosquet je suis obligé de marcher à quatre pattes sur presque cent mètres en marchant vers eux pour rester dissimulé derrière la haie . J'ai regardé deux fois , ils sont à moins de 300 mètres , tout le monde a l'air de manger en confiance . Je suis maintenant à moins de 250 mètres , 238 exactement , le "gros" cerf coiffé par chance est sur le devant du groupe , tête au sol . Appuyé sur le Stabel Stik je l'ai grossissement maximum , 10 , c'est bon , Pan ! Détonation , tout le monde détale , il doit être par terre ? Merde , il n'y est pas mais tout le monde au lieu de retourner là où ils sont sortis me prend le pré en travers , s'arrête , repart . Ils sont en train de bientôt traverser le chemin depuis lequel je les ai vus tout à l'heure avant de faire le tour . J'ai bien sur rechargé , et mon cerf est arrêté en face de moi plein travers à côté d'une biche , en arrière du groupe . Il me semble qu'il vacille , il va tomber comme m'ont fait au bout de cent mètres plusieurs fois des brocards ou des mouflons , avant de rouler les pattes en l'air , morts ? Ne sais pas , l'ai encore bien plus près dans la lunette , moins de 150 mètres , Pan ! Pas assez appliqué avec envie de le tuer , balle peut être bien pas très bien placée mais dedans c'est sur . Tout le monde est parti . Je sors de derrière la fin de ma haie , il ne peut pas aller loin . Je suis maintenant sur les cent mètres carrés sur lesquels il était je pense dans cet immense champ quand je l'ai tiré tout à l'heure à presque 250 mètres . Avec la lumière de mon portable parce que j'ai comme un con oublié la frontale au Duster . Rien . J'ai beau tourner , observer calmement ( j'ai un peu l'habitude ) , rien . Pas grave , calme toi , tu as tiré il était 17 h 30 , il a du prendre les deux , la première en tous cas c'est sur parce que quand il s'est arrêté en travers avec sa biche et que tu as cru qu'il allait tomber ça n'était pas pour rien . Mais il est reparti comme le vent ...
Il fait nuit noire et je suis revenu avec DES frontales , ai garé le Duster et je prospecte les deux endroits sur lesquels il était je pense quand je l'ai tiré . Rien . Mais rien . Je vois bien que ça a glissé alors que le champ est plat , il a pris ma balle c'est sur , mes balles . Mais rien . J'ai maintenant traversé le chemin , suis passé dans le champ d'à côté , des traces de pas , gros , qui semblent trahir un déséquilibre , c'est lui ? Il y en a plusieurs , de ces traces . Je retourne au Duster , sors Sherkan mon jeune drahthaar siglé au sang , et retourne aux coups de feu , l'observe , vois ce qu'il prend . Passe du premier tir au deuxième , mais ne me marque aucun indice . Comment est ce possible ? Rien . Je finis par me retrouver à l'endroit dans lequel la troupe a du rentrer au bois , au vu des traces bien visibles . Rien . Pas une goutte de quoi que ce soit nulle part . Je finis par suivre le chien en longe plusieurs centaines de mètres , reviens au Duster , j'ai tiré à 17 h 30 et il est 20 heures , deux heures que je ne veux pas y croire . Comment est ce possible ?
Je suis maintenant chez Christian bien sur averti , il me dit que ce n'est pas possible , que sans lunette il l'aurait tué raide à 150 mètres . Ce qui est vrai c'est sur . Ne t'en fais pas , ces sacrés cerfs ne lachent souvent leurs premières gouttes de sang qu'au bout de 3 ou 400 mètres , rien avant , ça m'a fait ça plusieurs fois , 5 ou 6 ...
C'est avec ça dans la tête que je suis rentré chez moi , pour ne quasiment pas dormir de la nuit , avec rendez vous le lendemain matin vers 9 heures . Le temps pour moi d'avoir posé à Millau la poubelle de déchets de boucherie que je récupère le vendredi matin , ET d'être allé au stand à 100 mètres mettre une balle de vérification avec ma carabine . Je vois mal comment mais bon ...
Retour chez Christian qui se demande comme moi , j'ai mis une balle à cent mètres dans gros comme un pôt de yaourt , il a du prendre les deux balles . La Polka maintenant que le fumet des dix ou douze cervidés d'hier soir a disparu et qu'il ne reste que celui du blessé va le prendre facilement , il n'y en aura pas pour longtemps . Voilà où nous en sommes , ou j'en suis quand on se gare dans l'entrée du champ . Pour qu'il comprenne bien d'où j'ai tiré , où ça s 'est passé je refais avec lui le trajet de trois minutes et lui montre . J'étais là , tiens voilà ma douille , et après j'ai tiré là , tiens voilà ma douille . Inspection des lieux , rien . Mais rien de rien . Polka de son côté en longe ne me marque rien de plus que Sherkan hier dans toutes ces odeurs chaudes , mais file gentiment sur le deuxième lieu théorique d'impact . Ne me marque rien , mais continue . Finit par rentrer dans les buis sous les pins pile à l'endroit où Christian qui investigait vient de trouver un minuscule morceau de petit truc sanguinolent gros comme trois têtes d 'épingle . Là , on doit être à 300 ou 400 mètres de l'endroit où je l'ai tiré la première fois . Encore quinze mètres et Christian me dit qu'il n'est pas loin , qu'il s'est arrêté et que le sang a imbibé la mousse sur le caillou . Pourvu que ...Polka file doucement sur encore cent mètres et en sortant des pins et des buis je le vois étendu dans la culture voisine . Quel bonheur . Je viens de passer après la nuit que vous pouvez imaginer de l'état de catastrophe naturelle ( comment est ce possible ? ) à celui dans lequel j'embrasse en le serrant mon Christian tellement tout est redevenu normal . Alors que je n'affectionne pas du tout ce genre d'effusions .Ouf !
Le temps que Christian revienne avec son manuscopique je fais deux ou trois photos . Ce n'est pas le record de France mais c'est un tout beau cerf quatorze irrégulier , double surandouiller d'un côté , une curiosité , Saint Hubert m'a gâté . Extra .