De la dent dure

De la dent dure Petit Epagneul de Münster

Petit Epagneul de Münster

Populations de sangliers , évolution ...

Actualité publiée le 19/04/2021

De la dent dure - Populations de sangliers , évolution ...

        Entre le fait que la chasse est fermée , que je ne fais plus que de l'entretien avec mes chiens , entrainements divers , je n'écris plus trop . J'aurais pu vous faire une autre actualité pêche , traque des zébrées , hier , parce que comme ma fille est là j'en ai gardé trois pour nous , et que comme j'ai pu en prendre plusieurs autres dans des conditions venteuses limite incroyables ( oh la la , qu'est ce qu'il est fort ...) j'en ai gardé deux jolies de plus pour les donner à mon  voisin Bernard qui m'en avait donné une belle la saison dernière . Ou vous faire une autre actualité pêche encore sur aujourd'hui , où je suis allé prospecter juste au dessus de l'endroit où la veille j'en ai gardé 5 facilement , pour vous expliquer que par contre , je n'ai pas pu voir une truite installée , pas pu en faire monter une , qu'est ce qu'il est nul ... Ah si , j'en ai décroché au ferrage une pas vilaine , mais les conditions apparemment semblables n'avaient en fait rien à voir , c'est la pêche ...

        Enfin bref je n'écris plus , ça manque à certains je le sais . Alors j'ai trouvé sur ce site un truc qui intéressera les chasseurs de sangliers parce qu'il parle , sur plus de 45 ans quand même , de ce qu'était la chasse aux sangliers , et de ce qu'elle est devenue :





       Quand j'avais 7 ou 8 ans , donc il y en a plus de 50 ... mon grand père qui était le garde chef principal du département du Rhône , le premier " Garde Fédéral " que ce département ait compté dans l'après guerre , décrochait parfois le dimanche  le vieux téléphone noir qui sonnait dans l'entrée . Quand ça sonnait vers midi et quelques , pendant la chasse , et qu'il arrivait pour décrocher l'appareil , il y avait plusieurs secondes que mes pattes de gamin qui filait comme le vent m'avaient permis d 'arriver avant lui , et j'avais l'écouteur collé à l'oreille . "Allo , Corcellut , c'est Mazalon . Il y a les cochons à Rochefort !" . A partir de là je savais qu'il allait falloir manger en deux minutes pour vite aller là bas ( c'était en limite de la Loire , après Tarare ) . Rochefort , les Sauvages , Valsonne , Dième , la Croix de Thel , c'était il y a 50 ans et ces noms évoquent en moi encore tant de choses ... Je ne me rappelle plus exactement où et quand , quoi , mais de parler de tout ça me permet de mieux comprendre pourquoi je suis "sonné de chasse" , parce que mon imaginaire d' enfant n'a pas cessé de fonctionner depuis ces jours là . Là , ça n'était pas gagné parce qu'il ne voulait pas toujours m'emmener avec lui , mais qu'à force d' insister , quand mes parents instituteurs à Villeurbanne ( nous n'étions là que pour le weekend ou pour les vacances  ) pensaient que c'était possible , je partais avec lui . Mon grand père était en même temps le garde chef , et un homme des bois , un vrai de vrai , en lequel Mazalon qui était une des vraies pointures départementales du sanglier avait reconnu quelqu'un de fiable . Quand mon grand père tirait , c'était mort , à plomb comme à balle , je n'ai jamais revu quelqu'un comme ça . Il était intéressant dans une battue , pour ça . C'était un pisteur inégalable qui avait une culture intuitive des tenues et des habitudes des animaux sauvages incroyable , comme certains rustiques de l'époque . Il avait pendant des décennies arrondi les fins de mois de la famille avec le commerce des peaux , de renards , de fouines , putois , blaireaux , chats ( à l'époque chaque semaine c'étaient en général deux ou trois peaux d 'animaux divers tendues sur un bois pointu qui séchaient sous le balcon quand j'arrivais pour le weekend , imaginez sur une année ) , piégés ou tués au fusil . Le grand père n'avait pas trop usé les bancs de l'école , à ce que j'ai compris , mais avait en lui , suite à ces milliers d 'heures passées à courir les bois , un bac + 12 en activités naturelles . L'équivalent de ce que peuvent avoir en eux comme connaissances les meilleurs pisteurs africains . Enfin bref cette culture qui s'est perdue me manque , mais les gens de cette époque suivaient les sangliers qui ne se bousculaient encore pas .



Les gens de l'époque faisaient les pieds , mettaient des baguettes en travers des sentiers par lesquels les sangliers étaient susceptibles d 'arrriver pour ceux qui n'avaient pas de chien , et les suidés qui arrivaient sur un secteur étaient rarement tranquilles . Mon grand père m'a raconté qu'après la guerre , quand  les traces de 4 ou 5 sangliers étaient vues à peu près n'importe où , c'était le branle bas de combat . Où sont ils , quels chiens y mettre , qui poster , combien de personnes disponibles , il faut les tuer . Les paysans de l'époque avaient encore le droit d 'affut , le droit de défendre leurs récoltes , il s 'est tué à l'époque des sangliers de nuit dans les céréales sans que personne n'y trouve rien à redire . Et sur la plus grande partie du pays , les populations de sangliers ont été maintenues proches de zéro sans que personne ne s'en plaigne .



Puis les populations se sont mises à augmenter . Réchauffement , chasse , elles ont , même il y a des décennies explosé . Chasse , parce qu'une femelle tombe " normalement " en chaleurs en hiver , pour poser ses petits au début de la belle saison . Les petites femelles de l'année d'avant , qui font 30 ou 40 kilos et sont avec elles ne tombent pas en chaleurs avant cette période . Mais que la mère se fasse tuer , et toutes les jeunes femelles du groupe tombent en chaleurs dans les 15 jours . Prenez un papier et un crayon , vous aurez vite constaté que l'augmentation sera supérieure si toutes les femelles sont pleines toute l'année que s'il y a une seule période de rut , en hiver . Ajoutez à ça quelques régions dans lesquelles des chasseurs au chien courant s'estimant pas assez fournis en bête noires lachent en douce quelques mères pleines pas toujours pures au niveau du caryotype , donc susceptibles de reproduire encore plus , tout le monde sait que ça s 'est fait dans pas mal d' endroits , et vous comprendrez que la situation actuelle était prévisible .



De plus en plus de sangliers , super . Mais de moins en moins de chasseurs , qui chassent encore et toujours aux chiens courants , moins super s'il s' agit de tuer beaucoup de sangliers... La chasse au sanglier était incrustée dans les gênes de la chasse française depuis toujours , à l'ancienne . Les pieds le matin , puis le rond , le rendez vous où les piqueurs rendent compte de ce qu'ils ont trouvé . Et battue , ensuite , en fonction de l'effectif , des rentrées sures ou pas , j'ai été élevé là dedans . Le grand père me posait parfois le matin en passant et je suivais Mazalon avec son chien de pied , Gino . Je revois ce chien , auquel son patron parlait . La laisse qui traine par terre , Gino fait le travail , le patron suit les mains dans les poches . Une fois , dans la Loire , quelques kilomètres plus loin que là où l'équipe avait l'habitude de chasser , pendant que mon " professeur " examinait une grattée , Gino s 'est mis à monter dans la lisière boisée . Nous entendions sa clochette qui montait , doucement . Prudemment . Quelques minutes , à 250 ou 300 mètres , deux ou trois jappements . Ferme ! "Gino ! " . Une fois . Une . Le Gino est redescendu , a été flatté par son patron et nous sommes partis . Je revois encore les yeux pétillants de Mazalon me regardant et disant : "Deux ou trois , pas une grosse bande , ils sont là ! "



Cette science magnifique de la chasse n'a plus lieu d 'être dans la plupart des endroits dans lesquels il y a vraiment des sangliers . Nous attaquons comme si nous allions au lapin à Saint Martin de Londres comme dans la plupart des chasses de l'Hérault et du Gard , du Var , surs que les chiens même pas de grand nez , ne feront la plupart du temps pas 200 mètres avant de lever . Autres temps , autres moeurs .



Les amis qui chassent avec moi dans l'Hérault pour certains regrettent le temps où il n'y avait pas de sangliers , où il fallait les chercher vraiment , où on en tuait 15 par an et pas 15 dans la journée . Où , quand on avait tué un beau sanglier , on faisait le tour du village , où tout le monde venait voir le magnifique animal au bistro . Des amis Lorrains , eux aussi par endroits sont énervés par des densités excessives , me disent la même chose . On est d'accord , on regrette la vraie belle chasse aux chiens courants , avec le pied le matin , etc ... Mais on est bien obligés de s'adapter , donc on s 'adapte , on change de chiens , de façon de chasser . Il y a des endroits dans le nord hérault , dans lesquels les lieux ne se prêtent pas tellement à autre chose que de la chasse aux grands chiens courants . Lauroux , à côté de Lodève par exemple . Immensités boisées , falaises des bords du Larzac , les sangliers sauf coup de chance , petits coins à faire en une demi heure à 7 ou 8 , vont courir sur au moins un kilomètre ou deux pour passer devant un posté . Pas tellement possible de chasser autrement que ce qu'ils font , et au bout du compte ces communes serviront toujours de réserve . Parce qu'il y a toutes les années des sangliers pour en tuer 200 et qu'ils n'en tuent pas la moitié . Et des coins comme ça dans la région , il y en a des tas .



  La chasse du sanglier dans le sud va devenir un problème , grave , parce qu'il y a déjà un moment que la pression de chasse ne suffit plus à faire baisser les populations . A Saint Martin , on avait plus de sangliers au mois de février à la fermeture qu'en septembre à l'ouverture . A Sumène dans le Gard à 25 bornes à vol d 'oiseau ils avaient tué il y a deux ans plus de 500 sangliers , ils sont montés à plus de 700 cette année . Et tout le monde sait bien que là bas ça ne rigole pas du tout , qu'ils font tout ce qu'ils peuvent . Même chose pour Pommiers , où ils sont passés de 350 et quelques toutes les années , chez mon ami Dédé , à plus de 500 . Où est la solution ? Le préfet sentant venir les ennuis a augmenté les périodes de chasse . Mais ça ne suffit pas , au contraire , ça continue d' augmenter . Le problème est insoluble , les espagnols qui sont encore plus embêtés que nous font travailler leurs chercheurs sur de la stérilisation par l'alimentation , tout ce monde là rêve d'une mixomatose du sanglier ...



  La solution , je ne l'ai pas . Que nous doublions la pression de chasse ou pas , il y a un autre problème . Le jour des 15 à Laroque ou la semaine dernière pour les 14 , si on examine le prélèvement , on s 'aperçoit qu'on ne tire presque que de jeunes animaux . On fait le type de prélèvement qui est conseillé quand on veut faire augmenter les populations . Pour stabiliser une population , en fonction de son taux d 'accroissement , si on prélève 1/3 de jeunes , 1/3 d'adultes mâles et 1/3 d'adultes femelles , on va vers le maintien de la population . Plus on augmente le pourcentage de jeunes  plus on recherche une augmentation de la population . C'est ce que nous faisons par la force des choses parce que les gros vieux en mâles et femelles ne veulent pas bouger . Nos chiens comme il y en a beaucoup se démènent derrière ce qui est plus facile à faire courir , normal . Normal aussi que les populations continuent à augmenter , donc .



Le problème est insoluble , et les choses iront en s'aggravant avec le vieillissement des populations de chasseurs , inéluctable . Il est un  fait que chez nous , en France , même si on a l'habitude de se faire racketter comme en peu d'endroits pour tout ,  le prix du permis de chasser rebute nombre de jeunes . En Espagne le permis à l'année coute 30 ou 35 euros , ils sont moins cons que nous ...



Tout ça pour dire que la chasse au sanglier dans les dernières décennies a bien changé en France , qu'il ne sert à rien de comparer avec ce qui se passe chez nos voisins " frisés " , en Allemagne où il parait qu'ils n'ont pas de problème . Des tènements comparables à ceux du Gard , du Var , de l'Hérault , avec des kilomètres et des kilomètres de coins qui se sont fourrés avec la déprise agricole , sur des immensités grandes comme un département par endroit , ça n'existe pas en Allemagne . Leur chasse aux petits chiens , petites pousses ou grandes traques une fois par mois permettent de gérer la forêt de la Hardt , mais pas nos départements du sud .



  Contentons nous de nous régaler à chasser avec des chiens qui nous donnent du plaisir , à nous comme aux postiers , des chiens pratiques , complémentaires des courants , et ne nous plaignons pas .



Pour l'instant , tout va bien . Comme dans le film de Kassowitz .



La photo , c'est celle qu'un jeune qui chasse en Espagne m'a envoyé , d'une fois près de Gérone où ils en avaient tué un tas . Pas possible sur la photo de les compter ... Leur record , le même jour , c'est 100 . Et là , pas question de dire que tu n'as pas tiré la grosse , ou que tu as arrêté parce que tu en avais déjà tué 3 ou 4 . L'esprit ces jours là en Espagne sur des coins sur lesquels ils sont dévastés au niveau des dégats est le même qu'avec les lieutenants de louveterie chez nous . Ce n'est plus de la chasse , c' est de la destruction ...




 
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