De la dent dure

De la dent dure Petit Epagneul de Münster

Petit Epagneul de Münster

texte de Pierre après sa recherche de mercredi .

Actualité publiée le 04/11/2017

De la dent dure - texte de Pierre après sa recherche de mercredi .

       Ecrire , pour certaines personnes dont je dois faire partie , c'est parfois un besoin . Mettre noir sur blanc , comme on dit , permet de fouiller un petit peu ce qui nous tourne dans la tête . On est obligé de faire attention à ce qu'on écrit , on se confie parfois , on finit de temps en temps par aller plus loin dans la perception de ce qu'on avait eu l'impression de ressentir sans en être sur . Et puis  garder une trace écrite de ce qui arrive permet quelque temps après de revenir devant le texte et de comprendre mieux certains mécanismes , comment ou pourquoi certaines choses ont pu se passer . Ce que j'écris dans le cadre de ces actualités n'a pas vocation à être relu , ce ne sont souvent le soir même que des comptes-rendus sans prétention littéraire  , qui me permettent de mieux savoir ce qui se passe , ce qui s 'est passé . Rarement mais de temps en temps il m'arrive de chercher dans un des textes écrits "à la pression " , comme ça le soir même , souvent très tard , un indice me confirmant que ce que j'espérais , ou ce que je craignais est arrivé ...

     Je sais que beaucoup de chasseurs , ou non chasseurs ont pris l'habitude de lire ces lignes régulièrement  , me disent de continuer , qu'ils aiment ça . Savoir qu'il y a des barjots dans mon genre un peu partout dans le pays , ça doit rassurer certains .       Pierre le patron de Jäger ressent parfois  lui aussi le besoin de garder une trace écrite après un moment particulier . Le cerf de sa recherche de mercredi lui a donné l'envie d'écrire ce texte , et avec son autorisation je vous le confie tel quel . Les conducteurs sentiront bien que tout n'est pas toujours simple , ils le savent . Les autres sentiront je pense aussi bien des choses . Merci Pierre .







   Mercredi midi, Toussaint, un coup de téléphone : bonjour, c'est C., nous sommes sur l'Aubrac et nous avons besoin d'un "chercheur de sang" (dans le texte) !

   Machin, une bonne carabine, a tiré un beau cerf, ce dernier est resté quelques minutes à vue avant de partir à l'arrivée d'un chien. Il n'y a pas beaucoup d'indices mais C. me dit être confiant. Cet archer de ma connaissance sait en général de quoi il parle.

    Mais quand même une heure et demie de voiture pour y aller. J'essaie de voir si un des autres conducteurs du département ne serait pas déjà sur place, mais non, il faut y aller.

     En arrivant je trouve C. venu en éclaireur m'expliquer avant que je ne vois les autres.

1°) Il a insisté pour que l'on ne mette pas d'autres chiens après le coup de carabine, mais tout de même T. et J. y sont allés, parce que leurs chiens ne mènent pas loin, cela a redémarré mais pas longtemps.

2°) Il a insisté pour m'appeler, alors que certains n'étaient pas vraiment partants.

3°) Il me confirme être confiant dans son tireur, me répète que l'animal est vraiment  resté quelques minutes après le coup de carabine (ils ont le film) et que l'animal n'a pas été retiré pour cause de tir non fichant.

4°) L' Anschuss et l'axe de fuite ont été marqués par ses soins, de même que l'endroit où l'animal a traversé une piste à quelques 400m de là.

Bon ben y'a plus qu'à boire un café et y aller. Il est gentil C, mais là il m'a mise une belle pression.

      Une fois tout le monde salué, quelques carabines postées sur les refuites connues et mon café avalé nous y allons. C me demande si je veux commencer au dernier point connu, sur la piste, pour gagner du temps. Je lui explique préférer commencer au coup de carabine pour "faire connaissance avec mon animal, son pied et sa piste, et accessoirement laisser le temps à mon chien de se le mettre dans le nez. D'accord, mais attention c'est dans ce premier bois que les copains ont relevé, il doit y avoir des odeurs partout.

     Mes accompagnateurs, le tireur et deux gamins en pleine forme, me laissent partir et filent directement m'attendre sur la piste : "Nous verrons bien si vous arrivez au bon endroit".

      De son côté Jäger fouille consciencieusement l'Anschuss, prend son parti pour m'emmener directement vers le bosquet où l'animal est resté, une centaine de mètres plus loin. C'est bien parti. La reposée comme le début de la piste sont bien avares en indices, mais le chien bosse, le pied de l'animal se voit bien, je suis serein. Nous rentrons dans le bois suivant à peu près à l'endroit indiqué.

     Sous-bois, dans les feuilles et les épines, le pied est plus dur à voir, par contre on voit bien le remue-ménage des deux hommes. Le chien lui commence à se faire insistant, la confiance me gagne. Finalement au passage d'un mamelon mon chien abandonne sa piste, il lève la tête et prend de haut nez. Echaudé par quelques aventures récentes il se tasse et observe. Levant la tête j'aperçois une masse à quelques trente mètres devant moi. Les deux chasseurs du matin sont passés de part et d'autre. Je profite quelques secondes du tableau, en égoïste, prend la photo que vous avez sous les yeux et finalement appelle les accompagnateurs. Nous somme à 60 pas de la piste, ce beau dix de 188kg ne l'a jamais traversée, nous avons fait 350m.

    "Mais pourtant bidule l'a bien vu passer!" Vérification faite le pied visible sur la piste est un poil plus petit que celui de notre animal, les chiens sont partis sur un frais, tant mieux.



     Ce jour-là a été riche pour moi :

- J'ai fait plaisir et sauvé la mise à un copain qui avait tout fait dans les règles, un peu contre l'avis de certains de son équipe ;

- J'ai profité en égoïste du travail de mon chien, une petite recherche de 350m, sans grande difficulté, mais menée avec autorité et efficacité, ensuite j'ai droit à une démonstration de fierté canine ;

- J'ai fait plaisir à une équipe de chasseurs, qu'on le veuille ou non un cerf reste un cerf  et ils n'en ont qu'un pour cette saison ; je sais qu'ils ont vu et compris quel était le travail à faire, ils appelleront de nouveau c'est sûr.

- J'ai vu des étoiles briller dans les yeux d'un gamin retrouvant le cerf de son père.

   

    Ce matin j'ai encore eu au téléphone le Président de cette petite société, remerciements, invitation à une battue et questions sur la recherche. Nous pouvons tenir tous les discours que nous voulons, une réussite est irremplaçable dans la promotion de la recherche.

    Saint Hubert avait fait en sorte que toutes les variables concordent et nous permettent de trouver cette bête. Je sais que d'autres moments difficiles m'attendent, nous en connaissons tous, mais je suis vraiment reconnaissant d'avoir pu réussir cette recherche-là.
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