De la dent dure

De la dent dure Petit Epagneul de Münster

Petit Epagneul de Münster

recherche du jour .

Actualité publiée le 27/10/2017
Ce matin vers 9 heures et quelques j'ai reçu un coup de fil classique : Monsieur Commaret , on a blessé hier un gros sanglier près d'Espalion , un peu plus loin , et on a trouvé personne d'autre qui puisse venir . Je sais bien que ça vous fait loin (Viamichelin donne 1 h 42 , je mets une heure et quart en roulant bien ) ... Rendez vous pris pour 14 heures ,  j'ai emmené Lascar au cas où .

    Arrivé sur les lieux je retrouve avec plaisir le sourire de Lucien B., qui chasse là bas et qui a été à l'origine de l'appel au travail  d'un conducteur . Lucien traque là bas depuis toujours , et a acheté la saison dernière à José de Collioure un petit mâle très passionné , criant et qui pour un chien d 'un an lui procure beaucoup de plaisir .

     Une fois équipé et arrivé sur l'endroit sur lequel s 'est passé le truc hier , pas d'anschuss précis de marqué , mais les types sont là pour m'expliquer . Il est arrivé par là dans les ronces , est passé sous la ruine qui est plus haut , mais nous avons descendu trois sangliers morts par là . Je marche dans ces ronces en laissant Circé travailler seule et en cherchant des indices . Quelques mètres et elle me semble travailler une piste , je vois du sang sur les feuilles , elle est partie . Effectivement les suiveurs confirment que la chienne est obligatoirement sur la piste parce qu'ils n'ont pas sorti de sanglier par là . Encore 80 mètres avec vraiment du sang visible , jusqu'à un endroit où notre blessé a laissé sur des bois à franchir , entre lesquels se glisser vraiment des indices . Et là , équerre , descente au ruisseau dix mètres plus bas , et la chienne remonte déjà en face . Presque face à la pente sur 50 , 80 , 100 mètres avec quelques zigzags par endroits , et ça continue de monter , alors que deux jeunes qui avaient suivi la piste à l'oeil la veille disaient qu'il avait pris le travers sur la droite . J'aimerais bien , mais non , ça grimpe toujours , sans indice visible . Plus de sang visible alors qu'il y a à peine deux cent mètres nous aurions pu suivre à l'oeil ? C'est comme ça , je continue et les suiveurs rapidement qui eux passent leur temps à chercher les indices en trouvent régulièrement , elle est bien dessus , mais il n'y a quasi plus de sang visible . Je continue comme d 'habitude , je la connais , sais qu'une fois qu'elle a règlé les paramètres au départ elle ne s'occupe plus de rien et file en m'attendant quand je ne peux pas suivre assez vite si je lui dis d'aller " doucement " . Avec l'habitude , elle s'arrête et m'attend souvent sans que je ne lui ai demandé , parce qu'elle se rend compte que je n'arrive pas à suivre . Et on monte , Lucien suit juste derrière avec Lascar , qui sera laché si nous le rattrapons et qu'il est vivant . L'environnement de fougères sèches et de buissons épais sur des centaines de mètres depuis que nous sommes rentrés dedans est propice pour qu'il se cale , notre blessé , mais comme j'en avais peur c 'est surement une balle de gueule . Beaucoup de sang au départ , puis de moins en moins , puis au bout d 'un moment plus rien , et un animal qui file sans s'arrêter . Un sanglier blessé même légèrement qui n'a pas de chiens derrière s 'arrête en général dans les 3 ou 400 mètres , guère plus , s 'il trouve un endroit propice . Là , depuis le début nous avons traversé dix endroits dans lesquels il aurait pu , du se caler . Mais si c'est une balle de gueule , en général l'animal file file sans jamais s'arrêter . En général ...

      Toujours est il que nous avons fini par sortir sur le dessus , plein champ , qu'il n'a pas voulu se caler dans ces centaines de mètres d 'épais propices . Lucien avant de partir m'a parlé d 'un gros sanglier qui a été vu le soir même à 23 heures sur la route du dessus , à moins de 2 kilomètres , et revu au même endroit ce matin à 11 heures . A peine arrivé sur le dessus , dans les champs , je demande aux suiveurs et à mon Lucien de nous redescendre vite fait aux voitures , de façon à aller à l'endroit où ce gros a été vu . Je pisterai par là bas avec Circé de façon si c'est lui à lui faire reprendre , et s 'il est dans le coin et qu'elle me le marque , avec Lascar pour s'occuper de lui nous le tuerons vite fait . Tel est le projet , vite avorté parce que la chienne ne me le travaille pas comme un blessé . Elle finit par prendre dans le champ en question la piste de ce gros du matin , mais comme elle travaille une piste saine et froide , pas comme un blessé ... 

      Avant d'abandonner et d'aller boire un coup pour finir la séance , je demande en passant par les champs du dessus à retourner là où nous sommes sortis , voire par où part ce sanglier . Circé remise par mes soins 80 mètres avant la sortie longe la lisière et finit par me le prendre , pister sans grand enthousiasme mais en partant bien dans la bonne direction ... Deux ou trois cent mètres jusqu'au prochain paquet de fougères et de buissons immenses , je fais 50 mètres par un sentier de vaches sans plus d'indice , et décide enfin d 'arrêter . La devise de la recherche au sang  c'est " jusqu'au bout " . Mais pas jusqu'au bout de la connerie non plus . Parce que là , celui là , je ne pense pas que ce soit le gros qui a été vu hier soir et ce matin à 1.5 kilomètre , mais quoi qu'il en soit il ne s'arrête pas quand il le pourrait et il file , file . Je me demande même si celui que la chienne m'a pisté le long de cette route , avec peu d'enthousiasme c'est vrai ... 

   On ne le saura pas , pas facile d 'avoir une certitude dans ce genre de cas . Le travail a été fait , un conducteur est venu , les suiveurs ont vu de leurs yeux que ce sanglier n'était pas parti par où on le croyait au départ . Que la blessure certainement de machoire n'ait pas permis de récupérer ce sanglier est une quasi certitude . L'un des suiveurs m'a après coup fait remarquer avec raison que l'endroit où il n'avait pas réussi à passer entre les bois et où il avait fait l'équerre était très ensanglanté . La mâchoire inférieure  a probablement touché douloureusement et après ça il n'a effectivement plus nulle part essayé de se faufiler ailleurs que par des sentiers praticables . Un jour j'ai suivi sur le Larzac un tout gros blessé de tripes qui n'a pris que de beaux sentiers , des coupes feux , de vrais sentiers pendant des kilomètres et des kilomètres , plus de dix avaient noté les suiveurs . Les certitudes ...
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