De la dent dure

De la dent dure Teckel poil dur

Teckel poil dur

Le teckel , l ' épreuve au terrier , d ' après Hubert Stoquert .

Le teckel , l ' épreuve au terrier , d ' après Hubert Stoquert .



  Ci-dessous un copier-coller de ce qu ' Hubert Stoquert , grand utilisateur de teckels , pas seulement pour la recherche au sang , avait écrit . De mon point de vue ce Monsieur avait tout compris ,  et avec quelques autres , dont  René Depoux  président du club des amateurs de teckels  , ils font partie de ceux  qui ont fait la grandeur de la race . Que les passionnés lisent ce qu'il  disait sur l ' importance de l'épreuve au terrier , qui est la seule qui permette de juger du mordant du teckel .

  Paranthèse pour ceux qui pensent que comme ils ne font pas de déterrage , ça ne les intéresse pas . En déterrage , un chien qui est "grand mordant" , qui prend sans trop discuter son renard à tous les coups , est inutilisable . Il prend le renard au lieu de le bloquer , il n  ' y a quasiment plus de bruit , et les déterreurs ne savent pas où piocher . L'épreuve au terrier n ' est donc uniquement qu ' un moyen , le meilleur , de juger du mordant d ' un chien . Ceux qui chassent le sanglier avec des teckels savent bien qu ' il y a ferme et ferme , que certains vont chercher prudemment où est le sanglier pendant de longues minutes avant de se décider , ou pas , à le japper . Et que dans les mêmes conditions , d'autres vont le chercher et le trouver très vite pour ensuite se mettre au ferme de façon acharnée . Il est logique  de préférer ces derniers , les seuls avec lesquels on puisse vraiment chasser le sanglier .Ceux de cette  catégorie sont en général issus de lignées dans lesquelles les CHT-CHIT abondent . Ces chiens plus hardis sont plus en danger lors de leurs débuts que des chiens un peu timorés . C '  est pourquoi il est bon , même à six mois , de leur donner l ' occasion , au parc avec de jeunes  sangliers pas armés donc pas trop dangereux , de se rendre compte que si on se rapproche trop on se fait charger . Seuls ... Dans la nature , quand les conditions seront réunies pour que l ' accident arrive ( beaucoup de chiens , sanglier hargneux ou blessé ) , votre ami aura plus de chances de s ' en sortir .

Ceci dit pour vous sensibiliser tous sur l ' importance du Bhfk , de l'épreuve sur renard , dans les performances que votre teckel aura à la chasse . Maintenant , lisons attentivement ce qu ' Hubert Stoquert  disait de cette épreuve :

 


La race


Autour de l'épreuve de chasse sous terre sur renards au terrier artificiel


Je reviens de Wacourt et ai achevé le rapport du juge ; ii était vite fait, trop vite à mon goût, 3 chiens classés sur 13 !


Ceci m'a amenéà réfléchir plus intensément sur les causes de cet échec. On ne peut le faire qu'en replaçant le tout dans son contexte, en examinant tout ce qui gravite autour du but recherché : la réussite à l'épreuve et l'attribution du sigle BHFK actuellement seul label de qualité psychique de nos teckels.


Plusieurs observations sont à la base de ces rcîlexior.s :


De plus en plus nous assistons à des combats inégaux ; plusieurs raisons à cela : le " métier " des renards tenus longtemps en captivité, ayant une parfaite routine du terrier ; apprenant très vite que la meilleure défense c'est l'atta­que. D'où l'action souvent très amusante pour nous (elle l'est moins pour le chien) du renard « accompagnant » son ennemi naturel à l'entrée du terrier.


 1. La différence de poids.


Les renards de captivité parfaitement nourris et se reposant 360 jours par an sont en pleine forme, à de rares exceptions près, plus lourds que les chiens dont la mode et la préfé­rence actuelles vont vers les produits de 7 kg et moins ; le fossé se creuse de plus en plus entre poursuivi et poursuivant, ceci au bénéfice du premier. Qu'on le veuille ou non, rame­nés à l'échelle humaine, ces combattants ressemblent à deux boxeurs ; l'un poids lourd, l'autre poids moyen, donc de catégorie différente. Dans ces conditions il est normal qu'une grande majorité de chiens ne fasse pas le «poids». Ceci pour l'inégalité renards-chiens.


2. La différence dans le comportement des renards d'épreuve.


Dans le classement d'une épreuve, l'inégalité de chances d'un chien par rapport à un autre est donc très souvent fonction du poids de chacun. Cependant, les renards, par suite d'une trop grande différence dans leur comportement individuel, accentuent cette inégalité. Sur quatre renards de concours, nous avons toujours un, voire deux fauves « po­lis » de la trempe des « accompagnateurs », et un lâche de ceux qui se blottissent au fond d'une maire.


Je sais que ces différences de comportement des renards existent également dans la nature, en chasse pratique. Il m'est arrivé de voir se sauver (je n'avais même pas encore chargé le fusil) un renard à l'autre bout du terrier, alors que mon chien venait juste de rentrer à un mètre sous terre en aboyant. Par ailleurs, j'ai vu revenir des chiens à la surface, en marche arrière, les yeux du renard brillant devant le nez ensanglanté du chien. Mais nous sommes à l'artificiel, une épreuve reine dans la conduite de nos élevages, une épreuve qui cherche moins à former les chiens de chasse sous terre qu'à sélectionner des chiens à caractère, supports de la race. A quoi nous sert-il alors de sacrifier des chiens dans un combat inégal, à des renards à comportement anormalement agressif ? Mais aussi à quoi nous sert-il de décerner le sigle à un chien lâche ayant eu la chance de se trouver en face d'un renard lâche ?


Nous avons donc le devoir d'être objectifs en égalisant les chances, car ce n'est qu'alors que le classement prend toute sa valeur pour notre choix de reproducteurs.


Comment ? Cela n'est pas facile et il est utopique de croire que nous pouvons éliminer toutes les erreurs ou iné­galités. Mais nous pouvons faire certaines choses dont une consiste à produire, pour le travail, des chiens « format travail » capables de tenir en respect un renard. Un petit chien (7 kg et moins) a peu de chances de maîtriser un fauve : il adoptera une tactique de harcèlement et de repli, mais arrivera rarement à s'imposer, à faire prise, et encore moins à la tenir. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas tenter l'épreuve BHFK avec des chiens de petit gabarit : bien au contraire. J'admire personnellement toujours (malheureu­sement cela arrive trop rarement) ces nains pleins de har­gne se maîtrisant difficilement pour ne pas foncer dans la peau du fauve, se sachant trop faibles Je dis simplement qu'il ne faut pas s'attendre à des miracles en l'engageant car, dépasser avec ces chiens le 3'' ou le 2' prix moyen relève trop souvent de la chance ou de jugements favorables (ici comme ailleurs l'exception confirme la règle...) et faire le sigle est déjà une performance digne d'éloges. Si donc, le producteur ou le propriétaire tient au petit modèle et le produit sciemment, qu'il sache que ses sujets sont forcément défavorisés dans cette épreuve ; raisonnablement et justement défavorisés, car, à moins d'être un « David », il leur est difficile de venir à bout de « Goliath ». C'est une simple question de bon sens.


Il faut avouer cependant qu'à la longue ces échecs ou, dans le meilleur dés cas, ces mauvais classements, n'inci­tant pas à la persévérance, tant du côté du chien que du maître. Or, et nous le savons tous, le maintien, voire même une plus grande extension de cette épreuve BHFK deman­dant du courage et de la passion est absolument indispen­sable si nous voulons garder et développer ces caractéris­tiques qui distinguent nos teckels d'autres races ; ne l'ou­blions pas, ces caractères sont pour une grande part respon­sables dans la vogue que connaît notre race.


A cet effet, replaçons-nous seulement quelque vingt ou trente années en arrière ; nos pères et grands-pères élevaient le teckel pour le travail ; leur salaire suffisant à peine pour nourrir la famille, ils ne s'embarrassaient pas de chiens incapables, très tôt envoyés au ciel des toutous d'une charge de plomb. C'était dur, trop dur peut-être, mais n'empêche que nous avons profité de leur intransigeance dictée par la nécessité et peut-être aussi par un certain réalisme ; ils nous ont légué des chiens parfaitement équilibrés, combatifs, intel­ligents, mordants, capables d'affronter grand et petit gibier sur et sous terre. Pourquoi par exemple ont-ils créé le « Kaninchen-teckel »? A coup sûr pas pour permettre aux générations suivantes de le diriger avec un beau collier et une laisse encore plus belle vers un fauteuil ou un canapé ! Ils avaient besoin d'un chien pour chasser le lapin, ils l'ont modelé en fonction des besoins. Actuellement on oublie tota­lement cette destination première ; de toute façon on ne fait plus rien pour essayer de lui garder, en dehors de sa mor­phologie, ses qualités de chasseur de lapins. Dommage !


Dès que la mode s'empare d'une race de travail elle est perdue ; les exemples sont nombreux, tout le monde en connaît. Ne sommes-nous pas en train de verser dans la même erreur que d'autres races ? Ne devons-nous pas éviter de subir cette douce agressivité de la mode en imposant nos conceptions de qualité, plus réalistes, rejoignant la destination première de notre race ?


A mon avis, et quitte à faire bondir les éleveurs de beauté, la sélection sur le caractère devrait primer sur celle de la beauté. Pourquoi ? Parce que l'équilibre psychique, la com­battivité, l'intelligence seront dans cent ans encore ce qu'ils sont actuellement : des caractères immuables, aussi indis­pensables aujourd'hui qu'hier ou demain et toujours autant appréciés quelle que soit la forme du teckel. Tandis que les critères de beauté changent continuellement et continueront de changer : les couleurs, les qualités de poils, les formes de tête, les aplombs, peut-être même les des ; ce qui était beau il y a vingt ans ne l'est plus aujourd'hui ; dans vingt ans nos teckels actuels seront également « démodés ».


Donc, ignorer dans notre sélection l'importance de ces caractères psychiques équivaut à nous condamner à longue échéance, nous et nos chiens. Le plus grand de mes soucis est que, en France surtout, mais c'est également vrai hors de nos frontières, la mode s'empare à tel point de nos teckels poils durs que nous risquons, sous prétexte de devoir faire du beau chien à tout prix, de suivre les traces des teckels poils ras et poils longs et de leurs éleveurs. Les qualités de travail de ces deux variétés de poils se perdent et les éleveurs conscients ce cette évolution (il y en a), ont bien du mal à les reconquérir. Ne faisons pas de même avec les poils durs. ! Ce n'est pas encore un cri d'alarme, mais une préoc­cupation personnelle qui, j'espère, ne se concrétisera pas.


Revenons donc aux solutions après avoir soulevé les dif­ficultés et les nécessités de toutes sortes rencontrées dans l'élevage de la race qui nous intéresse, et revenons plus  spécialement aux plus petits d'entre nos amis à quatre pattes ; les moins de 6 kg, seuil que j'estime fatidique pour le travail sous terre.


J'avoue être incapable, malgré mon vif désir, de faire une proposition constructible qui tienne à toute critique. N'existe­raient toutes les difficultés inhérentes à la mise en pratique, je serais tenté de plaider pour un jugement distinct de ces chiens petit gabarit. Mais dans le fond cela ne changerait pas grand-chose, les critères minimum d'attribution du sigle BHFK ne pouvant et ne devant être abaissés à aucun prix ; n'en résulterait simplement qu'un meilleur pointage, ce qui n'est pas tellement important.


Mais la question reste posée. Nos teckels « miniature » ne font pas le poids en face d'adversaires deux fois plus lourds et de force peut-être quintuplée ; ils apprennent vite à leurs dépens et réagissent en conséquence.


Que l'on me comprenne bien ; loin de moi l'idée de vou­loir «diluer» notre épreuve BHFK (et nous y reviendrons par la suite) ; je voudrais simplement trouver une formule per­mettant aux petits teckels de prouver leur courage, leur équilibre nerveux, leur caractère, à défaut du « mordant » qu'ils sont dans l'impossibilité de démontrer vu leur handicap physique. Je trouve illogique de vouloir imposer à un être quelconque un travail pour lequel il n'est pas constitué.


Peut-être la solution pour nos teckels réside-t-elle dans la création, parallèlement à cette épreuve BHFK facultative, mais but pour tout éleveur sérieux de teckels de chasse, d'un examen de confirmation du caractère où le courage n'est pas mesuré au seul critère de « mordant » ? Mais, tout de suite, s'y greffe une autre question : les éleveurs de nains et de kaninchen, voire standards petit modèle, et en règle générale tous les éleveurs de beauté, sont-ils consciente de l'intérêt d'un tel examen, de l'importance fondamentale de n'élever qu'avec des chiens de caractère, équilibrés, cou­rageux, hardis et non pas seulement beaux ? C'est finale­ment là tout le problème car trop d'éleveurs de teckels stan­dard qui, eux, n'ont pas d'excuse à faire valoir, ignorent aussi totalement l'intérêt capital de l'épreuve BHFK pourtant mieux à leur portée !


Les principes de cet examen seraient à définir, mais ii n'est pas interdit de penser qu'on pourrait trouver d'autres critères de courage que le combat inégal teckel petit gabarit-renard. Le comportement au bruit (coup de feu), au change­ment de milieu, la peur du noir, la réaction envers une main étrangère, le comportement en face d'un grand chien, la réaction à l'odeur du fauve ou à la vue d'un sanglier (ou d'une- grenouille !) entre autres bien sûr, pourraient servir c'a tests à la délivrance (ou refus) de ce certificat de confir­mai on. Un tel examen, obligatoire avant reproduction pour tout chien n'ayant pas le BHFK, nous ferait peut-être avancer plus que l'épreuve de chasse sous terre, facultative pour ia reproduction et en tout cas ignorée, crainte et soigneuse­ment évitée par la grande majorité des propriétaires et éle­veurs de teckels.


A l'image de la confirmation beauté où nous éliminons les « déficients morphologiques », nous éliminerions ainsi les " déficients psychiques " qui nous causent autant, sinon plus, de tort et de soucis que les chiens vilains. Si nous trouvions le courage d'introduire et aussi... d'accepter un tel examen, je suis persuadé que nous aurions fait un grand pas dans la sélection de notre race.


Ceci nous amène d'ailleurs à réfléchir sur le critère " mor­dant " dans notre épreuve BHFK. Que comporte cette dis­cipline ?


C'est bien sûr, et en priorité, l'action de mordre, c'est-à-dire de faire prise. Pour y arriver le chien doit attaquer tout en encaissant les coups du renard ; c'est là qu'il doit montrer tout son cran. La prise est donc le couronnement d'un travail demandant l'extériorisation d'une qualité fondamentale : le courage. Seulement nous savons tous que ce n'est pas si simple : au courage instinctif doit s'ajouter, pour beaucoup de chiens, l'efficacité de la prise, faute de quoi le candidat se décourage très vite ; c'est ce que nous constatons tous aux entraînements, voire même aux épreuves, où. après des débuts prometteurs, le chien, faute de placer une prise effi­cace mais aussi et surtout faute de supporter les coups de l'adversaire, garde ses distances. Un premier critère essen­tiel du mordant est donc la prise. Un deuxième est ce qu'on pourrait appeler la capacité d'endurance aux coups ; les chiens qui ne savent pas encaisser ne seront jamais des « champions » même si au départ, ils avaient la volonté de faire prise. A mon avis la prise est une suite logique de cette capacité ; si le chien ne la possède pas il fera une fois prise par hasard au premier contact, ou sporadiquement par la suite, lorsqu'il se trouve en face d'un renard qui ne se défend pas ; ce sont généralement des chiens très intelli­gents mais pas forcément des plus courageux, même s'ils sont « mordants » par intermittence. C'est la raison pour laquelle je n'attache personnellement qu'une importance relative à toute prise qui n'est pas répétée. Ceci pour montrer à quel point tout se tient et combien les facteurs composant cette discipline sont nombreux et divers : prise, capacité d'endurance aux coups, intelligence, auxquelles s'ajoutent le poids du chien, sa condition physique, son aisance d'évolu­tion dans une galerie noire, sa faculté d'adaptation à une construction différente du terrier, voire une action différente, sa morphologie, la qualité de l'entraînement, les conditions météorologiques, le degré de haine instinctive pour le fauve. Il y en a certainement d'autres.


Et nous venons à nouveau à cette autre composante du « mordant »   le comportement du renard. Lors de nos


épreuves nous assistons, schématiquement, à trois réactions différentes des fauves :


1)   le renard agressif, attaquant le chien dans la galerie ;


2)   le renard défensif, défendant l'entrée de la maire ;


3)   le renard lâche, se blottissant dans le coin le plus reculé de la maire sans réagir.


Suivant ce comportement, il est évident que le travail du chien se trouve considérablement facilité ou, au contraire, rendu très difficile. A l'extrême, un chien lâche peut arriver à faire prise et un chien courageux en être empêché (ce qui est moins grave dans le deuxième cas que dans le premier). Ce facteur renard est donc une des composantes essen­tielles du mordant.


il faut revenir sur deux autres composantes citées plus haut. La condition physique et l'entraînement sous terre. Nous voyons trop souvent des " saucisses " de chiens, trop bien nourris, gras mais non musclés par absence d'exercice physique ; cela est un grand handicap pour le chien lorsqu'il s'agit de travailler. Trop souvent les forces ne suffisent plus à ce dernier sursaut d'énergie que demande l'attaque déci­sive avec prise. A ce sujet, je me rappelle d'une exposition de beauté, voici une dizaine d'années, où j'ai commis la faute impardonnable et répréhensible aux yeux de quelques dames bien intentionnées certes, de laisser mon chien au soleil durant deux heures. Mais comment croit-on pouvoir mettre les chiens en condition physique pour le travail sous terre ou pour le travail tout court ? En l'engraissant comme un cochon, en lui évitant toute fatigue et de surcroît en le confinant dans une chambre tempérée ? Quelqu'un a-t-il déjà mesuré la température qui existe sous les planches, lors d'une épreuve BHFK en été, que le terrier soit ou non ombragé ? Et puis, dans le cas particulier de cette exposi­tion, hommes comme chiens étaient obligés de rester expo­sés au soleil pour la bonne raison qu'on ne trouvait pas d'ombre. Ces dames, elles, avaient trouvé la parade : un parasol. Mais allez donc suivre le chien avec une ombrelle lorsqu'il chasse le lièvre en plaine ou lorsque vous faites une recherche de gibier par 30" de chaleur !


Donc, le chien doit être en excellente condition physique ; les longues promenades, les courses derrière bicyclettes ou auto sont excellentes. De grands espaces autour de la maison avec possibilité de creuser des trous, de jouer, de courir, y sont d'un grand secours. Et cela par grosses cha­leurs ou grands froids, beau temps, pluie ou neige !


Venons-en à l'entraînement sous terre proprement dit. Alors que la menée à voix, le broussaillage, la recherche sur piste artificielle sont des jeux pour le jeune chien, le travail sous terre par contre est une chose sérieuse, voire dange­reuse, en tout cas pas de la compétence d'un chien en pleine mutation physique et psychique. Nous avons vu qu'il faut de la force et beaucoup de courage pour maîtriser le renard ; rares sont les jeunes chiens en mesure de le faire. En tout cas les risques sont nombreux et le sigle BHFK/J ne les justifie pas. On ne devrait pas commencer ce travail avant l'âge de dix-huit mois ; nous sommes tous trop impatients de savoir ce dont notre chien est capable. Ainsi trop de chiens sont cassés, quelquefois définitivement : ils gardent un mauvais souvenir de ces premières expériences qui doi­vent logiquement se terminer à leur désavantage. Bien sûr on peut, par exemple, n'entraîner qu'à la grille. Cependant, la pratique nous montre que des erreurs de manipulations des grilles sont vite commises et ce qu'il fallait éviter devient irréparable.

Hubert Stoquert , terrier artificiel , suite et fin .



Je n'insiste pas sur l'entraînement proprement dit si ce n'est pour affirmer que je crois en la progressivité des exigences et difficultés allant de pair avec la prudence et surtout ce sentiment de supériorité que les chiens doivent acquérir ; les renards lâches et inoffensifs sont d'un grand secours lors de l'entraînement du chien novice. Egaliser les forces en présence est là aussi le premier commandement.
On ne peut parler d'entraînement et d'épreuve sous terre sans évoquer le terrier artificiel lui-même, autre composante de cette discipline « mordant ». Il existe encore trop de diffé­rence de constructions tant chez nous que dans les pays voisins ; les normes, malgré le règlement, sont loin d'être appliquées partout. Pourtant nous devons nous attacher à les respecter car d'une part elles correspondent à celles observées le plus couramment au.naturel (bien que nous ne puissions jamais imiter la nature) et d'autre part les condi­tions d'obtention du sigle doivent être identiques, ceci tout simplement aux fins d'une comparaison valable. Nous ne nous rendons pas service avec une diversification des normes ou même un relâchement dans leur application.



D'aucuns diront : tout cela est bien, mais où sont les avantages de l'égalisation des chances si les jugements sont différents ? Je comprends leur raisonnement tout en expri­mant l'espoir que les clubs, voire même la F.C.I., sauront encore mieux les harmoniser. Mais nous devons d'abord balayer devant notre porte. il est anormal qu'un de mes amis refuse le premier prix à une prise gueule dans gueule alors que je l'accorde ; il est anormal qu'un juge donne un premier prix pour toute prise sans même se rendre compte de la qualité, alors qu'un autre attend longtemps avant de décou­vrir. On pourrait citer d'autres cas. il y a des différences de jugement, c'est vrai, et nous devons à nos chiens, à leurs propriétaires, à notre élevage en général, de les uniformiser. Se rendre compte des défauts et ne pas y remédier, ou au moins chercher à le faire, c'est de la lâcheté. Nous ne vou­lons pas tomber dans ce défaut. C'est la raison pour laquelle, lors de notre épreuve sous terre du printemps en Alsace, et ensemble avec de grands connaisseurs allemands, nous avons attaqué le problème de front, élaboré des solutions et surtout une qui a été appliquée et continuera àêtre expé­rimentée par les juges participants. Elle concerne la prise et plus particulièrement sa durée de maintien. Disons tout de suite qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle règle, mais de l'application uniforme et stricte du règlement qui exige la prise pour l'attribution du premier prix. Nous sommes partis du principe que toute prise est bonne pourvu qu'elle soit placée à l'avant, gorge et tête. Seulement, pour éviter la reconnaissance de celles des prises gueule dans gueule provoquées par l'attaque du renard et un réflexe de défense du chien (donc pas une preuve de courage mais plutôt de peur) difficilement décelables en pratique, dix secondes de temps de maintien de la prise furent exigées. Dans l'esprit des promoteurs, et compte tenu du comportement du renard qui, contrairement au blaireau, happe seulement ou alors ne maintient pas longtemps sa prise, une prise non voulue par le chien ne tient pas ce laps de temps.


Bien sûr nous éliminons ainsi également les risques provo­quées par le chien et non maintenues, mais nous éliminons à coup sûr en grande partie celles provoquées sur initiative du renard.


Par ailleurs, nous éliminons aussi la plupart des prises au corps (à l'exclusion de la prise à l'arrière dans la galerie) soit que, durant ce laps de temps et dans la majorité des cas le renard aura trouvé une parade, soit que le chien aura amélioré sa prise. Enfin les prises au chanfrein, à l'oreille, à la gorge, en excluant toute contre-attaque du fauve parce que l'immobilisant, sont maintenues facilement.


D'autres harmonisations ont été discutées et la commission d'utilisation en délibérera prochainement ; il y a tout lieu de penser que des décisions positives seront prises en fonction des enseignements recueillis, ceci dans l'unique but de pro­gresser dans notre élevage.


Après ce tour d'horizon des difficultés rencontrées à tous les niveaux dans cette spécialité qu'est le travail sous terre, il y a lieu d'en tirer les idées fondamentales :


 


1)   Se servir de renards a comportement normal ; en exclure ceux qui sont trop agressifs ou trop lâches. Ceci est surtout vrai pour les épreuves.


2)   Pour ce travail, tendre vers la production des chiens type standard fort.


3)   Travailler avec des chiens adultes c'est-à-dire à déve­loppement physique et psychique achevé.


4)   Entraîner intelligemment le chien.


5)   Appliquer les normes dans la construction des terriers.


6)   Eviter les différences de jugement en cherchant à mieux définir l'interprétation du règlement.


Tout ceci pour mieux comprendre (et nous y revenons enfin) l'épreuve de Wacourt du 28-7 avec ses trois chiens classés sur treize ! Que s'y est-il passé ?


1) Trois des quatre renards étaient agressifs dont deux
l'
étaient trop.


2)   Sept chiens des dix qui ont échoué avaient moins de deux ans.


3)   Huit chiens au moins des dix qui ont échouéétaient du type standard « léger ».


4)   Certains des chiens n'ont subi qu'une préparation super­ficielle de l'aveu même des conducteurs. Je suis sûr égale­ment que certains chiens ont été mal entraînés.


G) Les trois chiennes qui ont réussi sont du type standard « fort ».


6)   Les trois chiennes qui ont réussi avaient plus de trois ans d'âge.


7)   Les trois chiennes classées sont un exemple vivant de la sélection intensive sur la base des qualités psychiques décelables, en grande partie, lors de cette épreuve. Certains échecs s'expliquent probablement de cette absence de sélec­tion.


8) Pour couronner le tout, extrême sévérité des juges en la personne de M. de Bornonville et de moi-même et qui, en tant que chasseurs conscients de l'importance de cette épreuve, cherchent à approfondir la vérité, sans parti pris, sans favoritisme de qui que ce soit : tant en travail qu'en beauté, les jugements de faveur ne nous font pas progres­ser ; ils ne donnent que des illusions à tous, passagères il est vrai, mais assez longues pour causer à la race des dom­mages difficilement réparables. C'est la raison pour laquelle nous avons opté d'un commun accord pour l'application de l'expérimentation sur la « prise maintenue ». Une des chien­nes n'a tenu que huit secondes, les deux autres encore moins longtemps. Les trois n'ont eu qu'un deuxième prix. C'est dur, c'est vrai, mais nous pensons honnêtement qu'il doit en être ainsi. N'importe comment ces chiennes ont déjà fait mieux et sont capables de mieux faire. En tout cas, j'aimerais bien les compter parmi les produits de mon éle­vage ! Si nous avons eu quelques remords pour ces trois chiennes apparemment déclassées par rapport à d'autres jugements, nous n'en avions nullement pour les chiens qui ont échoué, ils ne méritaient tout simplement pas mieux pour les raisons citées plus haut.


J'espère bien que ces lignes soulèveront la discussion : elles ont étéécrites dans ce but. Peut-être en sortira-t-il du constructif, peut-être nous approcheront-elles un peu plus de la vérité. Tous, en tout cas, nous avons encore beaucoup à apprendre et à parfaire.


H. STOQUERT.


(Nota : cette analyse date de l'année 1974, mais elle est toujours d'actualité)