Des Munsterlanders pour chasser , le petit comme le gros gibier ...
Après avoir chassé avec des braques allemands , des teckels poils durs , des kopovs , des wachtelhunds ,des drahthaars , des barbus tchèques , des podencos , je suis arrivé au munsterlander , naturellement .
Depuis plus de 20 ans , en fait depuis 89 , donc ça en fait trente ... je chasse le gros gibier , traquant pour les postiers , cherchant les sangliers , mon gibier de prédilection .
L'âge aidant , les conditions de chasse aussi , j'ai trouvé ces épagneuls adorables et efficaces , quoi qu'on leur demande . Ils peuvent faire le bonheur du chasseur solitaire de petit gibier , du chasseur de gibier d'eau , adorent le rapport et l'eau . Peuvent faire le chien du bécassier qui pense comme moi qu'il n'est pas nécessaire de courir à la vitesse d'un pointer pour faire une remise efficacement . Mènent à voix suffisamment pour faire tirer au départ un lapin ou un lièvre . Sont assez criants et mordants pour faire des chiens de traque très efficaces ...
Je n'aurais certainement pas attendu toutes ces années pour me spécialiser dans le petit épagneul de munster si je les avais connus avant.
Dans l'élevage du munster , pas possible de contrôler les aptitudes chasse de départ comme dans le teckel , avec Sp et Bhfk. Pas vraiment besoin non plus , car cette race a été aux mains des allemands depuis toujours, donc protégée par la force des choses ...
Mais pour chasser le gros gibier surtout , comme nous aimons le faire , avec des chiens avec lesquels nous allons aussi aux oiseaux quand nous le pouvons , il faut d' après moi absolument que deux qualités soient très présentes : l'aptitude à crier sur une voix autrement que simplement à vue , le Spurlaut des allemands , et le mordant qui permettra de tenir tête , mentalement , face au grands animaux , aux sangliers en particulier .
C'est pour fixer vraiment ces deux qualités essentielles que nous allons faire attention dans nos mariages , à ne jamais , jamais faire reproduire un mâle ni une femelle qui n'ait pas ces deux qualités au maximum . Qui peut le plus peut le moins... Et ça n'empêche pas d'aller aux oiseaux , au contraire me semble t il , car quand ces deux qualités sont bien là , la passion elle aussi est " au taquet " .
Chasseur depuis mes 16 ans , petit fils de garde-chasse fédéral , garde-chef principal du département du Rhône , j ' ai commencé par être un chasseur de petit gibier , de lapins et d ' oiseaux , avant de bifurquer chasseur de gros gibier . Chassant tous les jours possibles , mais habitant à l ' époque à Lyon , je finissais les jours de chasse par la passe aux grives . Pendant la bonne période , je tirais dans la dernière heure de la journée trente cartouches , certains soirs moins fastes seulement deux ou trois sur un merle ou un geai attardé , mais j 'y étais ... J ' ai eu besoin dès le début d ' un chien me permettant de ne pas perdre ces oiseaux parfois désailés , tombant dans des ronciers souvent épais . Ma première chienne de chasse fut une braque allemand , Sissi vom Oberlander , dite Cibelle , née chez les Baschung , en Alsace . Elle ne me perdait rien , passionnée comme son patron . Quand je l' ai perdue ( tapée par une voiture , pendant que nous écorchions les deux sangliers que j ' avais tués...) , je me suis ré-équipé avec un braque français , César de Prébois (frère de Calin , pour les nostalgiques , ce sont les C d'il y a bientôt 30 ans ) . Ce chien était passionné de chasse , avait un nez terrible , mais c'était le jour et la nuit , par rapport à Cibelle , au niveau du rapport , tant à l ' eau que sur terre . J'étais en train de me rendre compte que le rapport d ' instinct qu ' ont la plupart des chiens allemands était essentiel pour moi : à quoi sert de trouver du gibier en quantités , si c ' est pour ensuite avoir des difficultés à le récupérer ? Je n'ai pas réfléchi plus loin que ça , et j ' en suis toujours là.
Quand mon César nous a quitté lui aussi avant l'âge ( une boiterie du côté avant gauche a débouché en une grosse année sur une fonte musculaire , la patte qui trainait par terre , malgré des paquets de kilomètres chez les vétérinaires de Lyon et ailleurs , personne n ' a trouvé la solution , chien perdu à 5 ans) , je n ' ai plus jamais cessé d ' avoir un ou des chiens d ' arrêt , mais toujours dans des races allemandes , ou de l ' est ( barbu tchèque ) . J ' ai donc eu des allemands à poil ras ( kurzhaar ) , des femelles françaises ou slovaques ( Nikola Zaradki ) , puis à poil dur (drahthaar ) , quand j' ai compris que pour traquer toutes les semaines à 40 à l ' heure dans les épines derrière du grand gibier , le mieux était quand même d'être protégé par un poil dense...
Le hasard a fait que j ' ai eu l ' occasion de voir chasser un formidable petit épagneul de munster , Baxter du Val d'Ourtiga . Très mordant , le style à attraper les sangliers , même gros , qui ne filent pas assez vite ( je ne vous parle pas des renards , chevreuils ou autres ) . J ' ai pu récupérer sa soeur , Dara , du même style , et un mâle très puissant , passionné et très mordant aussi , Ares de Rocancourt . Me voilà équipé pour chasser le petit et le gros gibier ...
Quand Ares ou Dara , ou les deux , partent en menant à voie sur une grosse bête , cervidé ou sanglier , ou mouflon (nous en avons beaucoup sur ma commune ) , ils partent au maximum cinq minutes . Durant ces cinq minutes , ils ont souvent fait courir l'animal en question 7 ou 800 mètres , ce qui est suffisant la plupart du temps pour le faire tirer . Une fois debout , le sanglier , même si les chiens abandonnent , continuera son chemin , et arrivera sur la ligne calmement , plus commode à tirer . Les cervidés , eux , ont besoin d'avoir les chiens aux basques pour avancer... Au démarrage je reste sur place , espérant voir la ou les bêtes .
Comme je viens de vous les décrire , ces petits épagneuls de munster sont de formidables chiens de chasse , vraiment complets ...
Depuis des années , plus de 25 ans , j'ai des chiens de chasse avec lesquels je fais courir des bêtes pour les gens . J'ai brassé toutes sortes de chiens , à part des chiens courants ( mais j'ai chassé dans plusieurs régions , et ai vu dans ce domaine des courants à peu près tout ce qu'il est possible de voir de bon comme de mauvais), et ai fini par me spécialiser dans des chiens réellement " de traque" , de petit pied .
Pour finir , des munsterlanders , associés à des podencos puis des parsons , d'ici peu associés à eux mêmes .
Le bonheur est dans la traque , c' est le titre d' un film sorti sur Seasons dans les dernières années . Je suis d' accord et je vais préciser . Dans la traque on voit régulièrement des bêtes , parfois , souvent , en quantités . J'ai eu durant des années , au poste , la réputation justifiée d'un tueur , d'un tireur au dessus de la moyenne . Je sais faire , vite et bien . J'ai toujours du plaisir à tuer proprement d' un beau coup de carabine quand l'occasion se présente . Mais à force de voir des paquets de bêtes , de l'intérieur , dans la traque , j'ai perdu cette obsession . Je me régale à entendre tirer les postiers ( c'est que les chiens ont été bons , si ça tire ) , à piquer les bêtes que mes chiens attrapent ( j'en suis à 9 sangliers piqués cette année , alors que les traques dans lesquelles j'opère n'en sont pas très fournies ( je ne chassais à l'époque pas dans l'Hértault)) , à tirer quand j'en ai l'occasion dans des conditions de sécurité maximales , c'est à dire pas souvent .
C'est que le vrai plaisir est celui du spectacle de ces animaux magnifiques , que ce soient les animaux de chasse ou les chiens qui les cherchent , les trouvent , les délogent puis les accompagnent si possible jusqu'à la ligne de tir . Qui reviennent ensuite régulièrement chercher la caresse de la main du patron , du maître , dans ces moments là maître du monde , au milieu de ses chiens . S'il se passe des choses inracontables dans la traque , elles sont souvent de ce niveau là , au niveau des chiens et de ce qu'ils nous permettent de vivre avec eux .
Je prie pour que mes jambes et le reste me permettent encore de passer de longues années avec mes chiens dans la traque , au contact de ces bêtes que j'aime voir vivre ... et mourir .